Mariage de couverture

27

Au lycée, Thierno et Gil-Loïc étaient inséparables. Ils entretenaient une relation amoureuse passionnelle. Pourtant, personne autour d’eux ne le soupçonnait. Les deux garçons savaient rester discrets.

Malheureusement, leur idylle a pris fin après l’obtention de leur baccalauréat. Gil-Loïc est allé continuer ses études aux États-Unis, alors que Thierno a dû rester au pays. Leurs forts sentiments n’ont su résister à l’épreuve de la distance.

Thierno n’arrête pas d’y penser. Il se refait constamment le film dans sa tête. Il avait fini par oublier son seul et unique amour. Mais dès l’instant où il l’a revu, ses sentiments pour lui sont remontés à la surface.

Le serveur est plongé dans ses pensées quand il aperçoit son beau-frère dans son champ de vision. Il le rejoint précipitamment.

─ Albert, tu fais quoi ici ?

─ Je suis venu pour voir ta femme.

─ Pourquoi ? Il y a un problème ?

─ Oh non ! Je suis juste venu la saluer.

Thierno trouve cela étrange. Mais, il ne s’en préoccupe pas longtemps. Il conduit son beau-frère dans le bureau d’Anissa.

─ Est-ce que tu peux nous laisser seuls ?

─ Mais Albert, tu es vraiment bizarre ! s’étonne Thierno. Qu’est-ce que tu as à lui dire que je ne suis pas censé savoir ? Tu as même laissé ton travail pour ça.

─ Qu’est-ce que ça peut te faire ? hurle Anissa. Laisse-nous en paix ! Tu n’as pas des clients à servir ?

Le serveur soupire avant de quitter le bureau.

─ Désolée pour cette scène. Qu’est-ce qui t’amène ici ?

Albert prend le temps de s’assoir et de contempler la pièce. Il fait attention aux matériaux de qualité, aux objets de luxe et tout ce qui s’en suit.

─ Quand j’ai appris que tu allais être la future épouse de Thierno, ça m’a vraiment surpris, étant donné que la première fois que tu m'as parlé, c'était pour m'expliquer une histoire vraiment rocambolesque.

─ Oh ! s’exclame Anissa toute gênée. Il ne faut pas prendre au sérieux tout ce que j’ai dit, ce jour-là.

─ Hélas ! Je l’ai déjà fait. Pendant plusieurs jours, j’ai passé en revue ton histoire. Il me fallait du temps pour faire le lien avec Thierno. Mais maintenant, j’ai tout compris.

─ Et…et qu’est-ce que tu penses avoir compris ?

─ Tu m’as dit que tu étais tombée enceinte du fils de madame Zouzoua et que celui-ci ne voulait plus de toi car il te trompait avec ton serveur.

─ Haha…je ne sais même pas pourquoi j’ai inventé tout ça.

─ Tu n’es pas une bonne menteuse hein ! Bref, je continue. Je pense que tu exerces un moyen de pression sur mon beau-frère pour le contraindre à t’épouser. Tu te sers de la fameuse sextape dont tu m’as parlé ; sextape qui, au passage, n'existe plus car madame Zouzoua a détruit ton téléphone.

La patronne du restaurant balbutie. Elle a perdu sa langue. Prise au piège, elle n’arrive même pas à formuler un seul mot. Albert se réjouit car la réaction de son interlocutrice prouve bel et bien que sa théorie est juste.

─ Écoute Anissa, je suis dans ton camp. Rassure-toi ! Ça m’arrange que Thierno t’épouse car il va libérer ma maison.

─ Sérieux ? Donc tu ne vas rien dire ?

─ Attention ! Tu sais... Pour me rendre ici, j’ai dû abandonner mon travail. Je vais sûrement être renvoyé. Si seulement, je connaissais une femme d’affaires qui aurait pu me faire un beau chèque…

La libanaise récupère immédiatement son sac et en sort une enveloppe qu’elle lui tend.

─ Il y a 200.000 francs, précise-t-elle.

Albert compte l’argent et c’est effectivement la somme exacte. Toutefois, il n’est toujours pas satisfait.

─ Est-ce que Thierno sait que tu portes l’enfant de ton ex ?

─ Non.

─ Tu comptes le lui dire ?

─ Non.

─ Ah donc tu vas lui faire croire que c’est lui le père ?

Anissa souffle bruyamment avant d'acquiescer d'un signe de tête.

─ Mais selon ce que tu m’as dit, il est gay. Et j'y crois vu que je ne l'ai jamais vu avec une fille. Comment feriez-vous pour...

─ Je vais bien trouver le moyen de coucher avec lui après le mariage. Ne t’inquiète pas pour ça !

─ Hum, je vois. Mais, je me demande si je réussirai à garder ce lourd secret. Peut-être que si j’avais un peu plus d’argent, cela faciliterait les choses, déclare Albert.

Anissa le lorgne sauvagement. Cependant, elle n’a d’autre choix que de sortir son chéquier.

Albert, heureux du nombre de zéros qu’il l’a vue écrire, récupère le chèque avec hâte.

─ Merci beaucoup Anissa. On va très bien s’entendre toi et moi.

─ Referme la porte quand tu sors !

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Quand Medhi décide de passer la nuit dehors, il fait croire à sa femme qu’il sera avec une autre femme. Bushra ne s'en fâche guère parce que pour elle, l’infidélité des hommes est normale. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que son mari ment. Il n’a aucune amante. En réalité, à chaque fois qu’il passe la nuit dehors, il est en compagnie des membres du cartel.

Ce soir, comme plusieurs autres soirs, il doit les voir. Cette rencontre est la plus importante de toutes car il aura, enfin, son retour sur investissement. La marchandise est arrivée à bon port et tous ceux qui ont semé ont bien l'intention de récolter leurs gains.

Après avoir assommé sa femme avec une histoire à dormir debout, il se rend fièrement au point de rendez-vous. Comme d’habitude, c’est une grande villa qui est à l’abri des regards.

─ Bonsoir à tous, dit-il dès qu’il s'introduit dans la villa.

Personne ne daigne lui répondre. L'ambiance générale n'est pas très chaleureuse.

─ Ahi ! Pourquoi personne ne répond ? Je vous ai fait quoi ?

─ Mon pote, je crois qu’on s’est tous fait berner, réplique Henri.

─ Comment ça ? s’inquiète Medhi.

─ À notre arrivée, il n’y avait personne. On a trouvé ça louche, donc on a essayé de contacter le boss et tous ses bras droits. On n’a eu aucune réponse. Ils se sont mystérieusement volatilisés.

─ Non, tu ne peux pas me dire ça !

─ J’aurais bien aimé. Toi, au moins, tu as encore le reste de l’argent que Gil-Loïc t’a donné.

─ Mais non frère. J’ai tout dépensé. Je comptais sur l’argent que j’étais censé recevoir aujourd’hui.

Au même moment, le bruit d’une sirène se fait entendre. Medhi regarde par la fenêtre et constate que deux voitures de police viennent de se parker devant la villa d’en face.