Mariage de couverture

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Aujourd’hui, Gil-Loïc et Henri ont rendez-vous dans le restaurant des Jaber. Gil-Loïc est le premier des deux à arriver sur les lieux. Il espère secrètement y croiser Thierno. Depuis qu’il l’a revu, il n’arrête plus de penser à lui. Il se prend un cocktail en attendant l’arrivée de son ami.

Une demi-heure plus tard, Henri fait son entrée. Contrairement à Gil-Loïc, il prie tous les Dieux pour revoir Anissa. Malheureusement pour les meilleurs amis, leurs souhaits ne seront point exaucés ce jour. En effet, Anissa est aux petits soins de Thierno qui se remet petit à petit.

─ Alors, mon cher ami, c’est quoi l’objet de ce rendez-vous ? commence le wedding planner.

─ C’est comme ça que tu m’accueilles ? Discutons un peu d’abord ! Comment tu vas ?

─ Nous ne sommes plus au stade de se poser ce type de questions.

─ Ah bon ?!

─ Oui, tu es mon meilleur ami. Si je ne vais pas bien, tu es censé le voir dans mes yeux.

─ On est à Abidjan hein ! Je crois que souvent tu oublies que tu n’es plus à L.A.

─ Hum ! Et Solène ? Elle va bien.

─ Tu es censé le voir dans mes yeux. Ou bien ?

Gil-Loïc rigole. Au même moment, Apo vient prendre leurs commandes.

─ Je vais prendre une moussaka libanaise et pour mon ami, ce sera du choukouya de mouton, dit Henri.

─ Mais…

─ Oh tais-toi ! Je sais que c’est ce que tu vas prendre. Tu en mangeais tout le temps quand on était au lycée et c’est même ce que tu as bouffé à mon mariage.

─ Je confirme mademoiselle : choukouya de mouton et un verre de gnamankou bien glacé.

─ C’est noté, répond Apo avec le sourire.

Si elle savait que Gil-Loïc avait été en couple avec l’homme dont elle est éperdument amoureuse, la jeune femme n’aurait pas été aussi joviale.

─ Si j’ai demandé à te voir, c’était pour te demander si tu comptais porter plainte maintenant qu’on a retrouvé l’escroc là !

─ Ahi, ce n’est pas toi qui m’avait conseillé de laisser tomber ?

─ Je sais. Mais, finalement, j’ai bien réfléchi et je pense que tu devrais porter plainte. Ce serait injuste qu'il s'en tire aussi facilement.

─ Tu es vraiment bizarre. Un jour, tu veux qu'on s'en remette à Dieu et le lendemain, tu demandes le contraire.

─ Je ne veux juste pas que ton ou ta filleule grandisse dans un monde avec des gens comme ça.

Henri a joué sur la corde sensible de son ami qui, tout à coup, voit les choses différemment.

─ J’avoue que tu as raison. Je vais trouver un jour où je vais porter plainte. Tu voudras bien m’accompagner ce jour-là ?

─ Avec plaisir, mon frère.

Henri sirote sa boisson le cœur léger. Il sait que si Gil-Loïc décide de porter plainte, Medhi ne sortira pas de prison de sitôt. Il y a donc peu de chances que celui-ci découvre qu’Henri est le seul et unique responsable de son arrestation. Cela comble le mari de Solène de bonheur.

😌😌😌

Adam est en train de jouer à la console dans sa chambre quand il entend sa mère crier "Seigneur Jésus" depuis le salon. Inquiet, il descend rapidement les escaliers afin de la rejoindre.

─ Maman, tu sais bien que je suis juif maintenant. Donc, évite de crier que Jésus est le Seigneur dans la maison ! Ça me fatigue.

─ Désolée mon chéri. Mais tu n’imagines pas ce que je viens de voir sur le méta.

─ Le méta ? C’est quoi ça ?

─ C’est Facebook. Tu ne connais pas les nouvelles expressions ou quoi ? Mets-toi à la page hein, mon fils.

Adam remue la tête.

─ Qu’est-ce que tu as vu sur Facebook ?

Elle lui donne son téléphone portable. Adam est scandalisé par ce qu’il voit. Il a du mal à y croire, mais les images sont bien réelles.

─ Qui a posté ça ?

─ Je follow un… follow ça veut dire que je suis abonnée hein !

─ Oui maman, je sais, répond Adam les pupilles visant le ciel.

─ D’accord ! Je disais que je follow un wedding planner depuis peu. C’est lui qui a posté ça. Apparemment, il a organisé leur mariage.

─ Waw, je suis choqué qu’elle se soit mariée aussi vite et avec lui en plus !

─ Tu le connais ?

─ Mais oui ! C’est le serveur avec qui je couchais.

─ J’aurais préféré ne pas savoir, déclare madame Zouzoua.

On sonne à la porte. Adam se dépêche d’aller ouvrir.

─ Drissa ? On avait prévu de baiser aujourd’hui ?

─ Non, je suis juste passé te faire un coucou.

─ Ah, c’est cool. Entre !

Le sexfriend d’Adam s’exécute, puis, dès qu’il est à l’intérieur, lance un bonjour à Dame Zouzoua.

─ Sa tenue n’est même pas belle. Elle s’habillait mieux quand elle était avec toi, déclare la mère d’Adam qui n’a pas remarqué la présence de Drissa.

─ Laisse-là ! Viens ! On va dans ma chambre, propose Adam.

Drissa le suit sans broncher. Une fois dans la chambre, l’hôte se jette sur son invité en tentant de l’embrasser. Cependant, Drissa lui met un léger stop.

─ Aujourd’hui, je veux vraiment qu’on discute, se justifie-t-il.

─ Rien n’empêche qu’on le fasse après le mougouli¹ !

¹(nouchi) : rapport sexuel

─ Sois sérieux s’il te plaît, insiste Drissa.

Adam s’éloigne de lui et s’installe devant sa console.

─ Je t’écoute, dit-il ensuite.

─ Comme je te l’ai dit la dernière fois, j’ai commencé à développer des sentiments pour toi. Eh bien maintenant, je crois que je suis amoureux.

─ Hmm hmm, murmure Adam concentré sur le jeu Mario Kart.

─ J’aimerais qu’on ait plus que des moments intimes. Je veux qu’on sorte, qu’on apprenne un peu plus à se connaître. Je veux qu’on soit un vrai couple.

Adam met sa partie sur pause.

─ Écoute Drissa, je t’aime bien. Mais je ne veux que du sexe.

─ J’ai besoin de beaucoup plus que ça.

─ Désolé.

─ Je comprends, c’est pas grave. Bon bah, on va se dire adieu alors !

─ Comment ça adieu ? Donc à cause de ça, tu ne veux même plus qu’on couche ensemble ?

─ Oui. Je ne veux plus que tu n’me voies que comme un vulgaire plan cul.

Adam souffle d’agacement. S’il perd Drissa, il se demande s’il parviendra à dénicher un autre sexfriend à la hauteur. Il ne veut pas prendre de risques.

─ Ok, c’est bon. Je veux bien qu’on sorte ensemble.