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𝔸𝕟𝕥𝕠𝕟𝕖𝕝𝕝𝕒
Je pousse la porte lourde de la cabine, qui proteste avec un grincement aigu. L'espace est confiné, l'air est saturé d'un mélange d'odeurs, de désinfectants et de savon aux herbes. Les carreaux de faïence sont propres, réfléchissent la lumière crue des néons. Le sol blanc immaculé, à peine troublé par de rares éclaboussures d'eau, brille sous mes pieds. Je procède rapidement, consciente du temps limité avant la reprise du cours.
Après m'être soulagée, je me lave les mains dans l'évier métallique, le robinet libère un jet d'eau froide. Mes mains glissent l'une contre l'autre, se frictionnent avec résolution sous l'écume parfumée. Je me regarde dans le miroir au-dessus du lavabo, mon visage réfléchit l'impact de la matière dense qui vient d'être discutée : en moi, des questions tourbillonnent, remuent l'abîme de l'inconnu.
Je sors des toilettes, prête à affronter de nouveau le monde du dehors, quand, dans le couloir, ma poitrine se heurte à une vague d'air chargé de la présence de Dylan. Le couloir est vide, à l'exception de sa figure qui n'est qu'à quelques mètres de moi. Les néons projettent sur les murs de briques et d'affiches éducatives un halo glacial. Une légère odeur de cire et de papier plane dans l'air. Mon cœur bat un peu plus vite : je marche rapidement pour rejoindre la salle pour éviter tout conflit.
Mais comme une ombre qui s'étire trop longtemps au soleil, Dylan m'interpelle, rompt le silence de ma retraite précipitée.
- Antonella, où cours-tu ainsi ? Sa voix est mielleuse, trahit une hostilité à peine contenue.
Je choisis d'ignorer son appel, de rester silencieuse et espère qu'il saisit l'absence de bienvenue dans mon manque de réponse. Mes pas s'accélèrent, mais avant que je ne puisse atteindre la porte de la salle, quelque chose frappe ma tête avec une subtilité d'acier. Un éclair de douleur jaillit, mon cuir chevelu crispe sous l'impact.
Je me retourne brusquement, affronte l'impudence de son sourire tordu. Dylan s'approche, le regard étincelant de sa propre audace.
Maintenant qu'il est proche, je me rends compte que ce n'était qu'un rouleau de papier. Un coup futile, mais indubitablement une menace. Je reste calme, le regard ferme, bien qu'intérieurement je me sente bousculée.
- Dylan, il serait peut-être sage de t'occuper de tes affaires. Les murs ont des oreilles, mais ils ont aussi des yeux, et je serais toi, j'éviterais de me mettre inutilement en lumière.
Il s'arrête, son sourire persiste, mais ses yeux s'assombrissent d'une réalisation mécontente. Un éclat de frustration transparaît brièvement sur son visage avant qu'il ne détourne le regard.
- Comme tu voudras... pour l'instant, rétorque-t-il avant de rebrousser chemin.
Malgré l'altercation, je reprends mon chemin vers l'amphithéâtre. Mon esprit secoué plus par l'intensité du cours précédent que par la confrontation. La salle est quasi silencieuse, presque tous les étudiants sont sortis pour profiter de la pause.
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L'ÉCHO DU CRÉPUSCULE
RomantizmDans l'univers captivant et périlleux du cirque, Arek, un cascadeur intrépide à moto, brave la mort à chaque spectacle de voltige. Sous le chapiteau, ses prouesses suscitent admiration et frisson, mais une fois les projecteurs éteints, l'exubérance...