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𝕬𝖗𝖊𝖐La voiture s'arrête brusquement, projetant nos corps en avant avant que nous soyons redressés par un instinct de survie. Mes yeux, bandés par un tissu rugueux, n'ont encore qu'une perception singulière des sons, des odeurs, des vibrations qui nous entourent. La porte s'ouvre avec une précipitation impitoyable, et je sens des mains m'agripper avec une rudesse qui ôte tout raffinement à notre troublante escapade.
Nous avons passé la nuit précédente dans un hôtel de luxe, bercés par l'illusion temporaire de sécurité. Aujourd'hui, le charme désuet de cette demeure, ses lustres étincelants et ses draperies opulentes, n'est plus qu'un souvenir ironique face à notre réalité sinistre. Je prends conscience que nous sommes là, un 21 octobre peut-être sombre, peut-être pluvieux, mais certainement cruel.
— Eh bien, mesdames et messieurs, je dirais que notre hospitalité laisse beaucoup à désirer, lancè-je, goûtant l'acidité de mes mots. « Puis-je espérer un dernier verre de bourbon avant de prendre mon ticket pour l'éternité ?
L'ironie est ma défense, ma forteresse. Je la dresse pour contrer l'angoisse brute, pour masquer cette peur rampante qui ronge chaque fibre de mon être. Peut-être, au fond, espère-je insuffler une fissure dans la cuirasse de nos gardiens à travers cette bravade théâtrale.
Nous avançons à l'aveuglette, bousculés, poussés comme des marionnettes d'un drame macabre. Mes pensées vont vers Antonella, juste derrière moi. Je sais qu'elle partage mon désespoir camouflé par un vernis de courage.
— Écoutez, messieurs, Hasarde Antonella dans un souffle entrecoupé, nous savons que tout ceci doit être une terrible erreur. Voyez-vous, l'amour de la tragédie ne garantit pas une démarche si impitoyable.
Ses mots flottent dans l'air lourd, se dissipant comme un parfum d'une époque révolue, sans avoir trouvé écho auprès de ceux qui détiennent notre vie entre leurs mains. Le sol sous nos pieds se fait rocailleux, chaque pas semblant nous éloigner inexorablement du dernier vestige de miséricorde.
— Allons, les enfants, ajoutè-je avec la nonchalance d'un détective privé campant dans les ruelles sombres de Los Angeles, il faut bien que quelqu'un se lève pour l'entracte, n'est-ce pas ? Comment diable allons-nous transformer cet acte tragique en un climax de rédemption ?
Le silence dédaigneux de nos agresseurs est le seul écho qui me réponde. Pourtant, derrière cette façade d'indifférence, je jure percevoir une faiblesse. C'est une lueur à peine visible, mais je m'y accroche, espérant toujours que nous trouvions un moyen de briser le moule rigide de la fatalité qui nous enveloppe.
Nous continuons à avancer, trébuchant sur le chemin rocailleux, où chaque pas résonne comme un glas funèbre. L'air est saturé d'humidité et d'un parfum boisé qui s'infiltre dans mes narines, l'odeur d'une forêt que nous ne pouvons voir mais qui semble tendre ses bras menaçants autour de nous. Mon esprit s'égare brièvement dans ses pensées, tentant vainement de discerner un pattern, une faille dans ce récit qui nous engloutit.
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L'ÉCHO DU CRÉPUSCULE
RomanceDans l'univers captivant et périlleux du cirque, Arek, un cascadeur intrépide à moto, brave la mort à chaque spectacle de voltige. Sous le chapiteau, ses prouesses suscitent admiration et frisson, mais une fois les projecteurs éteints, l'exubérance...