ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟟 : 𝕃𝕖 𝕃𝕒𝕓𝕪𝕣𝕚𝕟𝕥𝕙𝕖 𝕕𝕦 ℙ𝕒𝕤𝕤é

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Je regarde Spike, mon fidèle compagnon à l'armure épineuse, trône souverainement sur ma main. Un tatouage, semblable à Spike dans toute sa splendeur, orne ma peau, rappelle de l'ardeur et de la ténacité qui caractérisent tant les scorpions, et, métaphoriquement, mon propre chemin de vie.

Je garde la photo de mes parents entre mes doigts. Ils m'apparaissent graves et nobles, des survivants d'une époque révolue, des visages émouvants marqués du sceau de notre Arménie natale. Dans leurs yeux, je devine la vigueur du Caucase, la fierté intarissable d'un peuple millénaire. Ils me fixent et je sens la culpabilité me serrer la gorge. Comment ai-je pu échouer à les protéger de ce destin cruel qui nous a arrachés l'un à l'autre ?

Rongés par des idées sombres, les pensées tourbillonnent en un carrousel infernal. « Aurais-je pu éviter cela ? Sont-ils fiers de moi, là où ils reposent ? »

Pour tenter d'apaiser cette tempête intérieure, je me lève, la gravité des souvenirs alourdit chacun de mes gestes. Avec précaution, je dépose Spike dans son terrarium, ce petit espace de verre qui lui offre un semblant de désert sous les néons. Je frissonne un instant face au paradoxe de ces murs de verre, ma propre liberté reflétée dans ses barrières transparentes.

Je me dirige alors vers le placard sombre et, sans la moindre hésitation, j'en sors la bouteille violette. La voilà, mon échappatoire temporaire, mon port d'attache quand les mers deviennent tumultueuses.

Les premières larmes trahissent mon stoïcisme, sillonnent mes joues brûlées par le vent de la route et la fumée des spectacles. « Vais-je toujours porter ce fardeau ? Ces larmes, vaines émissaires de ma douleur latente ? »

Je m'assois lourdement, le contenant presque sacrilège à portée de main. Mon regard fixe d'autres photos éparpillées sur le mobilier désuet de mon appartement. Elles dépeignent des instants volés, des sourires d'autrefois.

L'Arménie, avec sa terre façonnée par les âges, y sourit aussi. On y voit mes parents et moi, unis, inséparables. Et depuis ce jour noir où le sort les a emportés, ce sourire s'est tu, fossilisé dans le cadre de la photo.

Bien que l'appartement remplit de souvenirs, je me sens plus seul que jamais. Même la compagnie de Broen et Cairo ne parvient pas à estomper ce sentiment abyssal. Je parle à l'écho de mes propres mots, mes dialogues internes remplacent les conversations humaines.

- Si seulement la bouteille pouvait m'apporter les réponses, murmuré-je à voix basse.

La pièce défile devant mes yeux embués - le canapé usé où nous échafaudions des plans d'avenir, la cuisine où ma mère mijotait des plats aux parfums d'épices et de nostalgie. Mon existence semble à la dérive dans ce petit univers que j'ai façonné de mes mains, un refuge contre le tumulte d'un monde devenu impétueux.

L'ÉCHO DU CRÉPUSCULEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant