ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛 : 𝔹𝕣𝕦𝕞𝕖𝕤 ℕ𝕠𝕔𝕥𝕦𝕣𝕟𝕖𝕤

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Je m'assois, sens le bois fatigué du vieux pont sous moi, près de l'eau qui reflète faiblement la lueur du soleil. Mes pieds effleurent à peine le courant qui apporte un réconfort bienvenu dans la chaleur nocturne. À mes côtés, Broen, compagnon fidèle et reflet d'un temps révolu, roule son mégot parfumé à l'herbe.

- Tu sais, Broen, malgré mes airs de dur avec mon cigare et mon chapeau, parfois, quand la nuit s'installe, je sens la présence glaciale de la mort, dis-je d'une voix rauque, empreinte de tabac.

Broen hoche la tête, observant la silhouette de la ville devant nous, à une distance respectueuse de notre retraite.

- La mort, hein ? Ça te pèse tant que ça, Arek ?

- C'est comme une vieille amie, tu sais. On s'est croisé souvent. Mais c'est cette maudite dépression qui vient avec. Elle t'affaiblit, te noue les tripes et te plonge dans la mélancolie, répondis-je, sentant le poids de mes mots captivés par mon ami.

- Et comment tu combats cette mélancolie ? demande-t-il, curieux.

Je fais tourner mon cigarillo entre mes doigts, créer un nuage parfumé qui se disperse dans l'air nocturne.

- C'est une lutte quotidienne, mon ami. Certains jours, je porte mon armure et je marche comme un colosse invincible. D'autres jours, je me terre dans le silence, écoute les mélodies de Sinatra. Tu vois, la musique apaise les blessures de l'âme.

Je marque une pause, tire une bouffée de mon cigare.

- Mais ce soir, avec toi, suspendu entre ciel et terre, toute cette tristesse semble s'évaporer... presque, murmurai-je plus bas.

Broen sourit, écrasant sa cigarette du bout de sa botte.

- Alors, continuons à parler jusqu'à ce que tes démons prennent la fuite, propose-t-il.

J'acquiesce, sachant que les démons sont des squatteurs tenaces.

- La mort nous donne cette sensation étrange de finalité, n'est-ce pas ? Cela ne te fait pas peur, Arek ? De penser que tout s'arrête un jour, juste comme ça ? continue-t-il.

Je regarde le fleuve en contrebas. Il scintille dans l'obscurité.

- La peur, mon ami, je la connais bien. Elle est comme l'encre dans l'eau - une fois qu'elle est là, elle ne disparaît pas facilement. Mais je crois que la vie, la vraie, est ici et maintenant. Ce pont, ton amitié, les étoiles qui commencent à briller dans le ciel, tout ça, c'est de l'or pur. La finalité viendra en son temps. Pourquoi se presser ?

Broen rit.

- Toujours, philosophe, toi. Bon, tu n'as pas tort. Profitons de l'instant, avant que le rideau tombe et que le spectacle se termine.

L'ÉCHO DU CRÉPUSCULEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant