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𝔸𝕟𝕥𝕠𝕟𝕖𝕝𝕝𝕒
Je suis là, assise dans la salle d'attente du psychiatre, depuis déjà vingt longues minutes. Cet espace, aux murs d'un blanc impersonnel, est décoré avec tentative de chaleur : des peintures abstraites aux couleurs pastel occupent un peu de l'espace vide. Un assortiment de fauteuils en cuir vieilli, qui tente vainement d'offrir du confort, forme un cercle irrégulier près d'une table basse sur laquelle sont éparpillés des magazines déjà trop feuilletés. La pièce est baignée d'une lumière froide qui tombe d'un plafond trop haut, rend l'atmosphère légèrement austère, presque hospitalière. Un vent léger traverse la pièce chaque fois que les portes coulissantes de l'ascenseur s'actionnent, fait valser quelques feuilles détachées.
Je fixe le sol de carrelage gris où se reflète l'éclat clinique des néons, essaie de dissimuler l'impatience qui brûle en moi. Discrètement, instinctivement, ma jambe droite se met à trembler, oscille avec les tic-tac du mur d'horloge qui semble me narguer. Les secondes s'étirent, mêlées aux murmures des conversations entre les patients et le personnel à la réception. Quelques bruits d'ascenseur s'ajoutent au paysage sonore, marquent des arrivées et des départs invisibles.
Soudain, mon psychiatre sort de l'ascenseur. Il porte un pull immaculé qui contraste avec sa chevelure sombre, ébouriffée et semble presque surpris par la gravité, comme s'il venait de courir un sprint inattendu. Il n'a pas remarqué ma présence, trop préoccupé à feuilleter rapidement les dossiers qu'il tient serrés contre sa poitrine. Il s'engouffre dans son bureau sans que nos regards ne se croisent.
L'espace d'un instant, je suis tentée de rester silencieuse, de me fondre dans le paysage anonyme de cette salle, mais ma jambe, toujours agitée, semble trahir mon angoisse. L'air sent léger le désinfectant, mélangé à l'odeur dominante du café qui vient du distributeur automatique.
Je note les pas pressés du psychiatre qui vont et viennent derrière la porte à demi close. Alors qu'il semble enfin prendre conscience de ma personne, il lève la tête et nos regards s'accrochent.
— Antonella ! s'exclame-t-il et affiche une expression à mi-chemin entre l'étonnement et la conscience professionnelle. Veuillez m'excuser pour l'attente, je terminais une consultation d'urgence.
Son ton est cordial, mais j'y décèle une pointe de précipitation. Je me lève, traverse la distance entre les fauteuils et le seuil de son bureau. Mes pas résonnent faiblement sur le carrelage, et je sens le grincement intérieur de nervosité qui m'accompagne.
Je pénètre dans la pièce où il m'invite à m'installer. La salle de consultation est une tentative d'équilibre entre le stérile clinique et l'accueillant. La chaise où je me pose est d'un cuir plus doux que ceux du hall, et invite presque à la détente, face au fauteuil plus massif du psychiatre. Entre nous y trône un bureau épuré, à peine encombré de quelques stylos et d'un bloc-notes.
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L'ÉCHO DU CRÉPUSCULE
RomanceDans l'univers captivant et périlleux du cirque, Arek, un cascadeur intrépide à moto, brave la mort à chaque spectacle de voltige. Sous le chapiteau, ses prouesses suscitent admiration et frisson, mais une fois les projecteurs éteints, l'exubérance...