ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟜𝟛 : 𝔼𝕟𝕥𝕣𝕖 𝕝𝕖𝕤 𝕆𝕞𝕓𝕣𝕖𝕤

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𝔸𝕟𝕥𝕠𝕟𝕖𝕝𝕝𝕒

Je suis pétrifiée. Mes poumons refusent de se remplir d'air, figée dans une scène qui semble appartenir à un cauchemar. La clairière qui m'entourait de sa paix apparente, avec ses chênes majestueux et ses murmures de feuilles, s'efface lentement, écrasée par l'urgence brutale de cet instant.

Arek, debout à mes côtés, respire la tension tandis qu'une angoisse tangible l'envahit. Ses yeux sont ceux d'un homme qui mesure chaque souffle, conscient que notre vie se joue à la pointe d'une arme. Le pistolet s'appuie contre son front, métamorphe, une réminiscence du passé mais si accablant et réel.

Je regarde autour de moi, le monde rétréci à ces quelques mètres carrés où se tient Dylan, son pied avancé menaçant. Son poing ferme tient l'outil de notre perdition, et dans ses yeux je lis une officieuse conviction fatale, l'illusion d'une justice qui ne lui appartient pas. Un coup de vent passe, agitant les branches au-dessus de nous, comme si les arbres pleuraient notre sort.

Mon cœur bat à tout rompre, à la fois terrifié et étrangement déterminé. Je dois trouver des mots, des gestes, quelque chose capable de fractionner cette tension, d'ouvrir une brèche dans la marée de haine qui inonde cet espace. Mais les mots semblent se dérober.

Arek, tout en conservant cette aura des années 50 qu'il arbore si naturellement, parle d'une voix qui paraît singulièrement calme. Pourtant, je sens l'acier sous-jacent dans ses mots, comme un poing ganté de velours.

- Dylan, réfléchis avant de tirer. Crois-tu vraiment que cette solution vengeresse t'emplira d'une paix durable ? Tu sais, les fantômes du passé hurleront bien plus fort si nous ne les laissons jamais partir.

Les paroles d'Arek flottent dans l'air lourd de la clairière, vibrantes, cherchant à se frayer un chemin jusqu'à Dylan, à percer son armure de rancœur. Je sens un frémissement dans l'air lorsque Dylan fixe Arek, son expression vacillante entre la colère et la surprise, comme si une part de lui-même comprenait enfin combien cette route est déformée par la haine.

La terre est compacte sous mes pieds, ancrant notre sort mais aussi prête à témoigner de ce qui vient. Je jette un regard à Arek, son front toujours oppressé par la menace froide, et je lui transmets tout ce que nous partageons : la détermination indéfectible de traverser cela indemne, ensemble.

Dylan hésite. Je le vois s'ancrer dans ce moment, son bras désormais tendu. Une lueur de confusion traverse son visage, une bataille invisible livrée dans son esprit.

- Antonella... commence-t-il, sa voix à cheval entre le souvenir et le reproche, tu savais peut-être aussi, non ?

Sa question s'immisce en moi, inondant mes tripes d'une honte et d'une tristesse que je m'étais efforcée de cacher. Je me redresse, rassemblant mon courage pour répondre, pour apporter de la lumière au milieu de cette obscurité.

L'ÉCHO DU CRÉPUSCULEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant