ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟠 : 𝔽𝕠𝕝𝕚𝕖 ℙ𝕠𝕦𝕣𝕡𝕣𝕖

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Je suis immobile sur mon tabouret, depuis déjà deux heures, à contempler la danse aléatoire de la fumée qui s'élève de ma cigarette. L'entrepôt où nous avons échoué, Jeremy et moi, est saturé de l'atmosphère pesante des fêtes forcées. La musique de Travis Scott, « Goosebumps », se répercute sur les murs de béton, crée des vagues sonores qui se mêlent à la cacophonie environnante.

Jeremy, le barman, se tient de l'autre côté du comptoir de fortune, son tablier de cuir bariolé de tâches diverses. Il m'écoute d'une oreille, tout et secoue un shaker avec une précision mécanique. Sa tenue est à l'image de l'endroit : pratique et sans fioritures, juste une chemise noire entrouverte sur une chaîne en argent et un jean aussi usé que l'air blasé qu'il arbore.

Autour de nous, des néons qui vacillent éclairent faiblement le chaos. Leurs lueurs crépusculaires peignent des silhouettes fantomatiques ; des gens alcoolisés trébuchent dans leur course à l'ivresse, d'autres, les yeux hagards, errent sous l'influence de substances illicites. Ils peuplent l'entrepôt telle une marée humaine emportée par l'euphorie toxique.

À quelques pas, Broen et Isla discutent, en apparence détendus, entourés d'hommes que je n'ai jamais vus ici. Je ne leur prête guère attention, jusqu'à ce qu'un de ces inconnus, un homme à l'allure pulpeuse, m'adresse un sourire mesquin. Son regard passe de moi à Isla, glacial et calculateur.

Je fronce les sourcils, une crispation nait au coin de mes lèvres. L'homme est grand, vêtu d'une veste en cuir qui semble avide de confidences. Son visage est barré d'une cicatrice qui lui confère un air de requin des bas-fonds, et ses yeux brillent d'un éclat malsain.

Jeremy, en véritable maître des lieux, rompt la tension par une question, simple, mais chargée d'une réelle préoccupation.

- Comment ça va entre toi et Broen ? Il parait que ce matin, ce n'était pas la grande forme.

Je soupire et tourne mon verre d'eau entre mes doigts, observe les bulles qui remontent et éclatent à la surface - un spectacle trivial, pourtant si apaisant.

- Jeremy, mon brave, dis-je avec la solennité d'un homme qui porte le poids d'un monde impitoyable sur ses épaules, les choses sont aussi complexes qu'une équation mystérieuse.

Je veux poursuivre, mais l'homme au sourire insidieux me détourne de mes considérations. Il se rapproche du bar et s'adresse d'une voix rauque.

- Je prendrai cette fameuse boisson violette, barman. Faites-en sorte qu'elle soit aussi amère que la vie elle-même.

Jeremy acquiesce, un frisson se glisse le long de ma colonne à l'évocation de cette boisson maudite. Pendant qu'il prépare la commande, l'homme profite pour me dévisager de son sourire carnassier.

L'ÉCHO DU CRÉPUSCULEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant