ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙𝟝 : 𝕃𝕖𝕤 𝕐𝕖𝕦𝕩 𝕕𝕖 ℂ𝕒𝕚𝕣𝕠

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8 octobre. Le bruit des préparatifs résonne toujours dans le grand chapiteau du cirque, créant une cacophonie presque musicale. Je me trouve derrière le stand de Cairo, assis sur une caisse en bois usée, rongée par des années de service. Cairo a dû s'absenter pour une pause toilette, laissant derrière lui le chaos ordonné de ses costumes, tous plus coloré et extravagants les uns que les autres. Les aiguilles, les ciseaux et les bobines de fil sont restés figés dans l'instant, témoignant de l'amour du détail de Cairo.

Broen, accroupi près de moi, examine une moto fraîchement réparée. Sous la lumière tamisée de l'après-midi, il brille d'un éclat particulier, révélant un peu de sueur sur son front marqué par la concentration. Son visage sérieux contraste avec le va-et-vient des artistes qui s'activent tout autour de nous.

— Tu sais, Broen, dis-je en triturant un morceau de tissu, ces clowns... ils me fichent la frousse.

Il lève un sourcil, l'expression de surprise marquant un visage d'habitude si impassible.

— Les clowns, Arek ? C'est assez inattendu, venant d'un gars comme toi.

Mon regard se perd un instant dans le ballet des trapézistes qui s'entraînent plus loin, leurs corps défiant la gravité avec une aisance fascinante. Les cris joyeux des acrobates, les rugissements sourds des fauves, tout ce spectacle ne parvient pas à chasser les ombres de mes peurs.

— Ouais, les clowns, réponds-je en soupirant. Ce n'est pas leur maquillage ou leurs déguisements ridicules... C'est autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus vicieux.

Broen s'assied près de moi, la moto temporairement oubliée. Il me regarde avec une attention sincère, ses yeux bleus capturant chaque émotion que je laisse échapper.

— Je comprends, murmure-t-il doucement. Parfois, ce sont les choses les plus innocentes qui cachent les terreurs les plus profondes.

Je hoche la tête, sentant un étrange réconfort dans ses mots. Mon esprit dérive vers une époque lointaine, teintée de souvenirs troubles et d'émotions enfouies.

— Quand j'étais gosse, commencé-je, hésitant, j'ai...

Je m'arrête. Non, je ne peux pas en révéler plus. Même à Broen. Les mots restent coincés dans ma gorge, refusant de sortir.

— T'en fais pas, Arek, me dit-il en tapotant mon épaule. Prends ton temps. Tu n'es pas obligé d'en parler si tu ne te sens pas prêt.

C'est à ce moment que Cairo revient, arborant un nouveau t-shirt sur lequel est écrit « VOID » en lettres capitales, surmontées d'une tête de mort à moitié découpée. Une main en chrome et un mystérieux personnage en cagoule complètent son ensemble, tandis qu'un bandana coloré entoure sa tête. Originaire d'Haïti, Cairo a toujours eu un style unique et percutant. Ses vêtements ont cette capacité à raconter des histoires à eux seuls.

L'ÉCHO DU CRÉPUSCULEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant