Leonessa T2

33 ~ Repousse-moi si tu peux

Charlie

J'étais dans un café avec Juliette, elle était allée nous commander nos boissons au bar, et moi je me bouffais le pouce. Il avait osé me dire qu'il allait lui falloir du temps, comme si lui ne m'avait rien fait, comme si lui avait toujours été blanc comme neige.

Et puis, il m'avait dit que je devais lâcher l'affaire pour le projet, que je devais leur donner ce qu'ils voulaient. Lui qui c'était toujours battu pour tout, était-il trop effrayé pour continuer la bataille avec moi ?

Ales ne te dirait pas lâcher ton projet, il se battrait avec toi.

—   C'est commandé ! Lança Juliette en se réinstallant. Alors, expliques, qu'est-ce qu'il se passe ?

Je scrutais les alentours, comme si j'étais épiée ou suivie, et intérieurement je savais que je l'étais, je ne savais juste pas par qui.

—   Charly s'est fait tabasser, il est à l'hôpital.

Les yeux de mon amie s'arrondirent.

—   Quoi ? Mais ? Comment il va ? Qui c'était ? Putain mais pourquoi tu ne m'as pas appelé ?

—   Ça va, ça va. La rassurai-je, il a des côtes cassées, et le nez aussi, et pas mal d'hématomes, mais il s'en est pas si mal sorti. C'était la Comorra, la mafia qui veut la voie de synthèse.

Et je vis sa mâchoire se contracter. Juliette vivait aussi pour ce projet, d'autant plus avec ce qu'on était en train de réaliser.

—   Je vais prendre des cours de défense. Commença-t-elle, on ne va pas les laisser faire ! T'étais au commissariat cette nuit ?

Je secouais la tête négativement, je ne lui cacherai plus rien.

—   Non, après avoir discuté avec les flics, je suis allée voir Ales pour l'informer de ce qu'il s'était passé. Et... Il a dormi chez moi.

Ces yeux s'écarquillèrent alors que je la rassurais déjà sur le fait qu'il ne s'était rien passé, qu'il voulait juste s'assurer de ma sécurité.

—   Il va falloir qu'on règle les choses dans l'ordre Charlie. Lâcha-t-elle, alors que nos cafés étaient déposés sur notre table, quand tu es allée voir Charly ce matin, tu lui as expliqué ?

Je hochai la tête en prenant une gorgée de ma boisson chaude.

—   Et qu'est-ce qu'il a dit ?

—   Que... Qu'il allait lui falloir du temps, pour me refaire confiance. Et qu'il fallait que je donne à la Comorra ce qu'ils voulaient... Déclarai-je.

Elle secoua la tête en manquant de s'étouffer.

—   QUOI ?! Notre voie de synthèse ? Hors de question ! Ils devront me passer sur le corps s'ils la veulent ! S'écria-t-elle, attirant les regards des autres clients sur nous.

Je lui sommai de parler moins fort en zieutant de part et d'autre.

—   Il n'a pas être pas tort Juliette... Parce que s'ils doivent te passer sur le corps ils n'hésiteront pas à le faire...

Au sens propre comme au figuré...

—   ... Et je ne me le pardonnerai jamais s'il vous arrivait quoi que se soit de plus à toi, Lia ou Charly. Finis-je.

Le silence s'installa, mon amie semblait se creuser les méninges pour trouver une solution. Mais il n'y en avait pas. J'avais déjà réfléchi à tout, ces mecs étaient des barjots, et ils finiraient par nous tuer. J'observai la salle, il y avait peu de monde, nous étions mardi matin, et la plupart des gens avaient commencé le boulot à cette heure-ci, c'était aussi l'avantage d'être son propre patron.