Leonessa T2

51 ~ Lui, avant le reste du monde

Charlie

A la sortie du commissariat, Nino, Ju et Gabriel nous attendaient assis sur un muret. Lorsque leurs regards se posèrent sur nous, ils se levèrent comme un seul homme et nous rejoignirent.

Juliann fut le premier à venir me prendre dans ces bras, alors que Nino très terre à terre se posta devant son cousin.

— Qui est la pipelette à qui on va devoir arracher la langue ? Gronda-t-il.

Nos iris se songèrent, un instant avant qu'Ales ne prennent la parole.

— Charly.

Mes sourcils se froncèrent.

— Je pensais aussi à lui. Ajouta Gab en tirant sur sa clope et en faisant craquer son cou.

— Non, impossible. Déclarai-je.

Impossible.

Le regard sévère du brun ténébreux me scruta, alors que je secouai la tête. Ça ne pouvait pas être Charly, il n'était pas comme ça, et même malgré la jalousie ou la douleur qu'il pouvait ressentir, je ne pouvais pas y croire.

— Réfléchis Ales ! Repris-je. Ok, il nous en veut, mais il ne s'en serait jamais pris à moi !

Son regard se fit plus tendre, comme si je lui faisais de la peine. Et la colère me gagna de nouveau.

— Ne me regarde pas comme ça ! Ça me gonfle. Sifflai-je les dents serrées.

— Charlie, la seule raison pour laquelle tu t'es fait embarquer, c'est parce qu'ils pensaient pouvoir te manipuler pour te faire témoigner contre moi. Comment tu expliques qu'ils n'aient gardé ni Juliann, ni Gab ni Nino alors qu'ils font partis de la même organisation que moi ? Il veut me faire tomber, pour m'éloigner de toi, et te récupérer. Il n'y a que lui qui connaisse autant de détails sur nous.

Mes yeux se plissèrent.

Impossible.

Je connaissais Charly mieux que quiconque ici, et ça ne lui ressemblait pas, ce n'était pas lui. S'il me récupérait, il le ferait à la loyale, en se battant à armes égales. Il avait assez d'égo pour ne pas se sentir obligé de mettre Ales derrière les barreaux.

Mais quelqu'un avait en effet parlé. Quelqu'un qui nous en voulait...

Le monde entier peut-être ?

— Et Ulrich et Jose ? Les questionnai-je. Je les ai dégagés du projet comme des pouilleux devant la France entière, et toi Ales tu as menacé Jose. Ils connaissent bien assez de chose sur nous pour vouloir te mettre en prison, pour pouvoir ensuite s'en prendre à moi et récupérer le projet.

Les gars ne répondirent rien, Juliann s'occupa de nous donner une clope pour que nous puissions satisfaire notre besoin en nicotine. Il faisait déjà jour, nous avions passé la nuit entière enfermés entre ces murs.

— C'est pas con, il faut les garder en tête. Termina Nino.

Nos avocats finirent par nous rejoindre avec nos affaires personnelles qu'ils nous rendirent. Louis passa devant les mafieux sans leur accorder la moindre attention ce qui fit pouffer Nino lorsqu'il recracha sa fumée, alors que celui d'Ales s'approcha de moi en me tendant la main.

— Dante Pastore, avocat de la famille Stelleti depuis plus de trente ans. Enchantée mademoiselle Roy. J'ai beaucoup entendu parler de vous, et je suis ravi de faire votre connaissance. Vous avez fait un travail formidable cette nuit, et visiblement vous n'avez pas froid aux yeux.