Leonessa T2

22 ~ Âme sœur

Charlie

Dans la voiture, aucun de nous n'osait entamer la conversation. Seul le souffle court d'Ales rythmait encore nos pensées. Il avait fini par reprendre un peu ces esprits, et avait aidé Teddy à charger le corps dans le coffre de sa voiture. Teddy avait nettoyé au mieux la scène de crime, de façon à ce qu'il ne reste aucune empreinte d'Ales ou de moi. Puis nous étions partis, juste au moment où une ambulance et une voiture de police arrivaient. Mais ils ne trouveraient rien. Car il y avait un putain de corps dans le coffre de la voiture ou j'étais.

J'étais montée à l'avant, aux côtés du blond, qui avait fait son apparition, comme un ange tombé du ciel.

Comment savait-il ?

Pourquoi était-il là ?

Trop de questions tournaient dans ma tête, mais une seule prenait toute la place.

De qui parlait-il ?

Ales était derrière, le dos appuyé contre une des portières, il roulait un joint, dans un silence de mort.

Mort.

Un homme était mort dans le coffre de cette voiture.

— Je vais vous ramener à l'hôtel. Annonça Teddy. Charlie, poussin, tu peux rester avec lui le temps que je m'occupe de ce qu'il y a dans le coffre ?

Sa voix était si calme, que s'en était déroutant. Leur habitude à gérer ce genre de situation me faisait frémir. Ça ne leur faisait ni chaud, ni froid. Mais un putain d'homme mort était dans le coffre de cette bagnole.

— Je n'ai pas besoin de babysitter. Souffla Ales

Les lèvres de Teddy s'étirèrent, et il lança un coup d'œil dans le rétroviseur central pour regarder son ami.

— Oh salut mon chaton d'amour, je ne t'avais pas vu ! S'amusa-t-il.

Le râlement rauque d'Ales le fit pouffer. Puis il se reconcentra sur la route.

— Poussin ? Tu peux faire ça pour moi ? Rester avec lui je veux dire. Me redemanda-t-il alors que j'étais restée silencieuse.

Mon téléphone vibra pour la cinquième fois. Un cinquième message de Charly, qui s'inquiétait de ne pas avoir de mes nouvelles. Une cinquième relance, qui restera sans réponse.

— Oui. Je... je vais rester avec lui. Finis-je par lâcher faiblement.

Teddy hocha la tête, satisfait, et le silence se refit élire roi, jusqu'à notre arrivée à l'hôtel.

Les garçons, Gabriel, Nino et Juliann nous attendaient à l'entrée, alors que Teddy se gara en double file. Ils s'approchèrent de la voiture, pendant que nous en sortions. Gab s'approcha de moi, et posa sa main sur mon bras, le regard doux, mais le raclement de gorge d'Ales lui la fit retirer instantanément. Mon regard noir l'assaillit, mais il ne le vis pas, les yeux rivés sur Teddy qui semblait lui faire une leçon de morale sans parler.

Nino arriva à son tour, et releva mon visage pour le scruter sous toutes ces facettes.

— Je veux que personne ne la touche. Ordonna Ales, d'une voix stricte.

Nino retira ses doigts dans la foulée en secouant la tête, alors qu'Ales le fusillait du regard. Aucun doute, Alessio Stelleti était de retour parmi nous.

— Bon, c'est pas tout mais j'ai quand même un homme mort dans le coffre de ma bagnole ! Rigola Teddy. Les gars vous venez ? Je connais pas le coin, j'ai besoin d'un coup de main.

Tous hochèrent la tête, et se dirigèrent vers la voiture. Gabriel me lança un sourire timide, et me contourna pour ouvrir la portière arrière. Seul Juliann ne m'adressa ni un mot ni un regard. Il n'eut pour seul geste, de poser sa main sur l'épaule d'Ales, avant de lui aussi monter en voiture.