28 ~ Maintenant, et pour toujours

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Alessio

J'ai les nerfs putain.

Je bouillonnai intérieurement. Je revoyais la scène en boucle dans ma tête, Charlie se levant, presque en courant pour aller répondre à son putain de mec. Comme s'il ne s'était rien passé quelques minutes avant ça entre nous, comme si j'avais rêvé ce putain de moment dans la salle de bain.

Nino me tendit le joint, que je pris sans rechigner, puis je sortis du jacuzzi. La bière n'était pas suffisante, j'avais besoin d'un truc plus fort. Sans prendre le temps de m'essuyer, je pénétrai dans la villa, et je ne pus empêcher mon regard de la chercher, mais elle n'était pas là.

Putain.

Les nerfs à vif, je me dirigeai vers la cuisine, et je pris la bouteille de rhum que mon cousin avait récupéré au restaurant. Je ne me fatiguai pas à prendre de verre, de toute manière, j'avais bien prévu de la terminer, pour éviter de la terminer elle.

Sans un regard pour mes deux amis, je me dirigeai sur la plage, le plus loin possible, pour être seul.

Elle me rend putain de dingue.

J'avais l'impression de devenir fou, elle me faisait dérailler. En fait elle jouait, depuis le début, elle s'amusait avec moi, et putain j'avais le cœur en vrac.

— Ales ? Je peux m'asseoir ?

Je ne répondis rien, portant le goulot de la bouteille à mes lèvres, et Eléa prit ça comme un oui. Elle s'installa à côté de moi, face à l'océan, silencieuse, mais je pouvais sentir son regard posé sur moi.

— C'est le fait qu'elle soit aller répondre à son mec qui te met dans cet état ? Me questionna-t-elle d'une voix douce.

Une fois de plus, je ne répondis rien, me contentant de prendre une nouvelle gorgée. Je l'entendis soupirer, puis elle tendit la main en direction de la bouteille. Je lui laissai la prendre, et elle but à son tour.

— Il s'est passé quelque chose avant que vous arriviez tout à l'heure ? Continua-t-elle.

Je tendis ma main pour récupérer la bouteille, et le regard toujours vissé sur l'horizon sombre, j'ingurgitai encore du liquide.

— Ales... Souffla-t-elle, il est peut-être temps de lui dire ce que tu ressens non ?

Mes dents se serrèrent. Non, ça n'était pas le bon moment, ça ne le serait jamais. Parce que j'en étais incapable, je ne lui avais jamais dit, parce que prononcer ces trois putains de mots me brulais la gorge, et parce que je craignais trop que ce ne soit pas réciproque. Face à mon silence, elle reprit :

— Si tu ne lui dis pas, tu le regretteras Ales. Vous êtes fait pour être ensemble, pour finir votre vie ensemble, mais vous ne savez pas vous parler. Elle, elle se voile la face avec son Charly bidon, parce qu'elle a peur. Et je la comprends, vous vous aimez tellement que s'en est presque flippant. On pense souvent qu'on aime assez pour prendre tous les risques pour l'autre personne, mais l'être humain est faible, et arrivé devant le choix fatidique, il se choisit souvent lui-même, par peur. Mais pas vous. Vous, vous vous choisissez l'un l'autre, à chaque fois. Il n'y a pas un seul moment ou ça n'a pas été le cas. Vous seriez prêt à mourir l'un pour l'autre, et vous l'avez déjà prouvé de nombreuses fois. Et ça, ça fait flipper, parce que c'est contre-nature. Mais ça veut aussi dire, que vous êtes incapables de vivre l'un sans l'autre.

Ta gueule putain.

Elle a raison, c'est flippant.

Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas être sincère, alors que je ne l'avais jamais réellement été avec elle, depuis le début. J'avais trop menti, j'étais allé trop loin, et je savais qu'elle finirait par apprendre un jour toute la vérité. Je ne faisais que retarder l'échéance, parce que le jour ou elle comprendrait tout, il faudrait que je la laisse partir, il faudrait que je la laisse vivre, sans moi, pour son bien. Parce que j'étais un putain de détraqué.

Leonessa T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant