Charlie
Quatre mois plus tard.
— Tu vas au bureau aujourd'hui ? Me demanda Charly.
Il était en train de fermer les derniers boutons de sa chemise, et me toisait du regard, alors que j'étais encore emmitouflée sous la couette de notre lit, Ninja à mes côtés. Je me retournai, et comme depuis 80 jours, je lui donnai la même réponse.
— Non.
Je l'entendis soupirer, puis il s'approcha de moi, déposa un baiser sur le haut de ma tête, fit une dernière caresse à Ninja, puis quelques minutes plus tard, la porte claqua. Il était parti.
Quatre mois.
Quatre mois que je n'étais pas sortie de chez moi, sauf pour Ninja, et mes visites à l'hôpital pour faire le points sur mes blessures.
Quatre mois.
Les deux premiers mois, le médecin qui s'occupait de moi, avait appeler ça un « choc post-traumatique ». Je n'avais pas dit un mot, pendant plus de 56 jours. Après ces deux mois, et alors que je m'étais remise à parler, le médecin m'avait déclaré en dépression.
Quatre mois.
Nous étions début novembre, et depuis mon départ en Italie, je n'avais pas remis un pied aux laboratoires de Lyon. Je n'avais revu Juliette et Lia, ainsi que ma mère et mon frère qu'une seule fois lorsqu'ils étaient venu me rendre visite à l'hôpital après que j'eu été rapatriée.
Une fois de plus, à mon réveil, j'avais dû leur mentir. Je leurs avais raconté que je m'étais retrouvée en pleine altercation à la sortie d'une boite de nuit à Naples, et que j'avais été battue et laissée pour morte sur le trottoir. Je leur avais expliqué que je n'avais que très peu de souvenirs de tout ce qu'il s'était passé. Mais c'était faux. Je me souvenais de tout, de chaque phrase, de chaque torture, de chaque coup. Tout était bien ancré dans ma tête. Après ça, je n'avais plus dit un seul mot, comme traumatisée par mes propres mensonges, comme dévastée par le fait de ne pas pouvoir leurs dire la vérité.
Hantée.
Depuis 112 jours j'étais hantée par tout ce qu'il m'était arrivé. Les cauchemars avaient repris de plus belle, mais ce n'était plus réellement pareil. Dans mes cauchemars, ils étaient tous là. Les médecins, les hommes d'Andréa, Andréa lui-même. Je ne dormais plus, presque plus. J'étais une vraie loque. Un fantôme. Et pour la première fois de ma vie, je n'avais pas envie de lutter, pour la première fois de ma vie, je me laissai sombrer.
Charly avait été l'homme parfait, depuis mon retour en France, il m'avait épaulé, m'avait supporté, il ne m'avait pas lâché, pas une seule seconde, malgré mon état déplorable. Il était là, à chaque fois que je sortais de la douche, et que je pleurais devant le miroir face à mes cicatrices, à me répéter ô combien il me trouvait belle, et à quel point il m'aimait. Il était là, à chaque fois que je vomissais mes repas, en repensant à ce que m'avait fait subir Andréa, à me tenir les cheveux, et à me dire que ça allait aller, que tout allait finir par s'arranger. Mais moi, tout ce que je retenais, c'était que je l'avais trompé, et que je lui mentais, pour un homme qui avait failli me laisser crever. Je me détestais.
Mon téléphone vibra, le prénom de Juliette s'afficha à l'écran. Et encore une fois, je ne lui répondrai pas. Elle non plus ne m'avait pas lâché. A mon retour de l'hôpital, elle m'avait appelé tous les matins, de chaque jour qui était passé, malgré mon silence elle se disait qu'un jour je finirai bien par répondre. Mais pas aujourd'hui. Pas encore. Je n'avais pas envie.
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Leonessa T2
RomansaAprès avoir passé trois semaines et demi au sein de la famille Stelleti, Charlie est partie. Mais la découverte du vrai visage se cachant derrière l'investisseur anonyme de son projet l'ayant bouleversée, l'a poussé à mettre en place sa vengeance. ...