53 ~ Les premiers pas vers le pardon

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Charlie

Après avoir mangé, Alice ne m'avait pas lâché une seule seconde. C'était la dernière nuit que nous passions ensemble, et après la dernière catastrophique pour elle, je n'avais pas eu le cœur à la laisser toute seule. Alors, j'étais montée avec elle, puis après lui avoir lu deux fois la même histoire, elle s'était endormie dans mes bras.

Mon frère m'avait prévenu de leur retour anticipé, l'état de la maman de Lily s'étant amélioré. Alice n'avait pas été aussi réjouit que moi à cette nouvelle. Mais malgré l'amour que je portais à ma nièce, je préférai qu'elle soit avec ces parents au vu de la merde dans laquelle j'étais. Elle avait vécu assez de choses traumatisantes en peu de jours.

Je me retrouvai actuellement avec Alice d'un côté, et Ninja de l'autre, tous les deux collés à moi. Et j'étais bien. Les ronflements de mon chien faisaient vibrer mon thorax, il était apaisé, comme ma nièce, et moi aussi. Je laissai mes doigts parcourir son pelage doux, l'observant lui et Alice à tour de rôle. Il y avait une ressemblance entre les enfants et les animaux. Ils étaient innocents, purs, et surtout sans réelle défense.

Il était encore tôt. Pourtant j'étais épuisée. La nuit blanche d'hier, ainsi que toutes celles qui rythmaient ma vie depuis maintenant de nombreuses années m'affaiblissaient de jour en jour.

Je n'avais d'ailleurs jamais compris la personne qui avait donné ce terme à ces nuits. Des « nuits blanches »... Ca sonnait comme des nuits paisibles, calmes. Alors que les miennes étaient agités, tristes. Je préférais les appeler mes nuits sombres.

J'expirai, tentant de chasser tout ce qui me tracassait constamment. Puis la porte, que j'avais volontairement fermée pour qu'Alice ne soit pas dérangée dans son sommeil, s'ouvrit lentement. Je jetai un léger coup d'œil sans bouger pour ne réveiller personne.

Et bizarrement, mon cœur s'apaisa.

Agitées, sauf quand il est là.

Ales pénétra sans un bruit dans la chambre, il enfila un tee-shirt, puis m'observa un instant. Nos iris, comme toujours, se retrouvèrent, et un petit rictus se dessina au coin de sa bouche. Il s'approcha du lit, et s'assit délicatement. Ninja se réveilla, et se blottit un peu plus contre moi avant de refermer ces paupières.

— Tu dors toujours avec lui ? Me questionna-t-il à voix basse en le détaillant.

Je souris.

Depuis toujours.

— Depuis que je l'ai adopté. Répondis-je.

Depuis qu'il avait trois mois. Je l'avais habitué, et je n'avais jamais pu faire autrement par la suite. Mais ce n'était pas tant lui qui réclamait, c'était moi qui en avais besoin.

— J'ai rarement vu un chien autant attaché à sa maitresse. Déclara-t-il.

Mon regard malicieux l'interpella, et Ales fronça les sourcils.

— Dis ce que tu penses Roy, et je te promets que tu le regretteras. Gronda-t-il toujours à voix basse.

J'étouffai mon rire pour ne pas le laisser exploser, et son regard se fit plus doux. Il me dévisagea, puis sourit à son tour.

— J'ai une relation très fusionnelle avec lui. C'est pas très sain, mais il est arrivé dans ma vie, juste avant que je perde mon... Mon père. Alors je me suis rattaché à la seule chose qui me paraissait saine dans ma vie à ce moment-là... Et c'était lui. Je lui ai tout donné, tout l'amour que j'avais. Et maintenant, je sais que c'est plus très sain comme relation. Je sais que c'est de l'hyper attachement. Mais... Comme tout le reste, je suis incapable de faire autrement. Le jour ou il lui arrivera quelque chose, c'est mon monde entier qui sombrera. Avouai-je finalement.

Leonessa T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant