Leonessa T2

21 ~ Sombres abîmes

Charlie

—   Allé, je t'écoute.

La brune me fixait dans le blanc des yeux en jouant avec la paille de son cocktail.

Nous avions passé l'après-midi à établir un planning sur la rédaction du brevet. L'objectif était d'utiliser chaque heure de chaque jour afin d'avancer le plus vite possible. Ainsi, nous fonctionneront en horaire décalée, en équipe comme dans un bâtiment de production. Un de nous trois rédigerait la nuit, pendant que les deux autres se reposeraient, un autre prendrait le relais tôt le matin, et enfin le dernier s'occuperai de la fin de journée et soirée. Evidement, les horaires s'interchangeraient au bout de trois jours afin que chacun puisse avoir de vraies nuits, ou de vraies soirées. De cette manière, la rédaction du brevet sera en évolution constante, sans arrêt, sans répit. Nous nous faisions assez confiance, pour se confier chacun différentes parties. Malgré tout, j'allais être celle qui allait devoir fournir le plus d'efforts, d'une part parce que je n'avais jamais rédigé ni même appris à rédiger ce type de documents n'étant pas allée aussi loin qu'eux dans mes études, d'autre part car je serai celle qui devra relire chacune de leur partie, pour être sûre que tout soit en ordre. Mais ça ne me dérangeait pas, de toutes manières, mes heures de sommeil je les comptais sur le bout des doigts.

Après ça, Juliette m'avait proposé d'aller boire un verre, pour se détendre, mais je savais bien qu'en réalité elle voulait discuter. Et discuter plus précisément de ce qu'elle avait vu en début d'après-midi. Mais ça ne m'avait pas posé de problème, parce que je n'étais pas prête à revoir Charly, après ce qu'il s'était passé pendant l'entrainement au détecteur de mensonges.

Elle me toisait de ces deux billes vertes, à la fois suspicieuse, mais impatiente que je me décide à ouvrir la bouche.

—   Tu te fais vraiment des films Juliette, vraiment je t'assure.

Et je mentais une fois de plus, parce que je ne savais pas quoi lui raconter. Le visage de ma meilleure amie se referma, et ses sourcils se froncèrent, marquant son mécontentement.

—   Charlie... Gronda-t-elle. Ce que j'ai vu, dans la voiture, ce n'était clairement pas professionnel, et ne me parle même pas d'amitié !

Je bus une gorgée de mon rhum coca, me disant que ça me donnerait peut-être un peu plus de courage, mais que nenni, que dalle, rien. Le courage n'était clairement pas ma qualité première.

Allo? Le courage?

—   Et qu'est-ce que tu crois avoir vu ? Rétorquai-je

La réponse à la question par une autre question, pas mal Roy !

Un rictus se forma au coin de ses lèvres alors qu'elle se leva, et s'installa sur la chaise juste à côté de moi. Elle passa ces doigts sous mon menton, et me força à mettre mon visage face au sien. Elle plongea ces yeux verts dans les miens, puis elle posa son front contre le mien. Enfin, elle termina par attraper ma main, et par la poser sur sa joue. Et elle me fixa, pendant plusieurs secondes, avec intensité, tellement d'intensité que je me demandais si elle n'était pas en train de tomber amoureuse de moi.

Merde.

La salope.

Elle me rejoue la scène.

Et bordel, c'est vrai que c'est intense.

Je ne pus retenir plus mon rire lorsque je compris à quoi elle s'amusait, et elle me rejoignit rapidement en s'esclaffant à son tour. Puis elle prit ces distances, en retournant sa place.