44 ~ A cœur ouvert

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Alessio

Cela faisait plus de dix minutes que Charlie était dans le jardin, accompagnée de Gabriel. Il fumait sa clope, et elle l'avait rejoint. Cela faisait plus de dix minutes, que moi, à l'intérieur, un verre de rhum à la main, je les fixais, les dents serrées.

—   Desserre cette mâchoire, tu vas finir par plus avoir de dents ! Me lança la rouquine en installant de quoi grignoter sur la table basse du salon.

Je ne lui répondis rien, les yeux rivés sur eux, je détestai la voir lui sourire comme elle le faisait. Je détestai qu'elle ne me sourît pas comme ça.

Il faut qu'elle enlève cette putain de robe, ça m'énerve de la voir habillée comme ça.

Tout m'énervait. Mais surtout l'attention qu'elle ne m'accordait pas.

« Profite de cette désillusion, c'est tout ce que je t'accorderai. »

Mes doigts se resserrèrent autour de mon verre, puis je fermai les yeux un instant pour tenter de recouvrer un semblant de sérénité avant de péter un plomb et de buter Gab.

De le vider de son sang... lentement...

—   Ales ? M'interpella Eléa qui s'était postée à côté de moi sans que je ne la remarque.

Je pivotai la tête vers elle, et ces yeux verts me scrutèrent un instant.

—   Arrête de les regarder comme ça, on dirait un psychopathe. Il ne va rien lui faire dans ce jardin.

Il ne lui fera rien du tout, jamais, nulle part. 

Elle leva un sourcil face à mon silence, puis je bus mon verre cul sec avant de me reconcentrer sur la blonde toujours dehors lorsque je l'entendis s'esclaffer.

—   Elle ne rigole pas comme ça avec moi. Grondai-je.

Mon estomac se serra, et mes iris se noircirent lorsque j'entendis Eléa pouffer.

—   Peut-être parce que t'es pas le mec le plus drôle de cette planète non ? Se moqua-t-elle en me donnant un léger coup de coude.

Je lui lançai un regard de travers, et un sourire taquin se dessina sur ces lèvres.

Merde.

J'ai oublié Jerry dans le coffre de la bagnole.

Mes yeux s'écarquillèrent alors que je posai mon verre et que je sortis en courant avec les clés de la voiture.

Merde. Il a peut-être gelé ?

Il faisait putain de froid, et je m'en rendis compte rapidement, ma chemise comme seul rempart face au vent.

Bordel, quel con.

Je déverrouillai la voiture, puis j'ouvris le coffre dans la foulée, et les petits yeux noirs de la souris grise brillèrent dans l'obscurité. Je laissai un petit souffle m'échapper, rassuré qu'il ne soit pas mort de froid, puis je m'emparai de la cage pour le rentrer à l'intérieur.

—   Pardon Jerry, je suis nul comme maitre, mais je vais m'améliorer. Lui chuchotai-je comme s'il pouvait me comprendre.

J'ouvris la porte de la villa, et la refermai instantanément pour ne pas laisser le froid pénétrer. Nino était en train d'allumer le feu de cheminée, et moi je grimpai les escaliers sous le regard ahuris de la rousse.

—   Ales ! S'indigna-t-elle, ne me dit pas que tu as ramené une souris dans cette maison ?!

C'est clairement ce que j'ai fait. Et il s'appelle Jerry.

Leonessa T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant