Leonessa T2

26 ~ Relation malsaine

Charlie

Pendant un instant, le monde avait arrêté de tourner. Nous étions tous figés, incapables de bouger, ni même de parler. Seul les regards brisaient les silences, et celui que je voyais dans les yeux d'Eléa me faisait froid dans le dos, parce qu'elle, elle pouvait voir l'expression de Charly, elle, elle était en face de lui et pouvait voir toutes ces réactions. Et moi, moi, j'étais incapable d'intervenir, flippée, regrettant tout, tout ce qu'il s'était passé.

A ce moment précis, je regrettai tous les choix que j'avais fait, avoir accepter ce projet était une belle idée de merde, mais avoir mis un pieds à Naples avait été la plus grosse erreur de ma vie. Et maintenant, j'allais en payer les conséquences.

Et alors que je pensais devoir intervenir et me mettre entre les deux, alors que je pensais déjà devoir faire mon choix, Charly me prouva encore une fois qu'il était plus intelligent que tout ça, plus grand. Ce fut les poings serrés, et sans se retourner qu'il quitta le bar. Il me fallut quelques secondes pour retrouver mes esprits, le cœur battant à tout rompre, et alors que personne n'avait encore bougé, je m'élançai à sa suite, pour le rattraper. Parce que c'était lui, lui depuis six ans, et c'était moi qui avais tout gâché.

— Charly ?!

Un pied dehors.

La tête pivotant de chaque côté pour le retrouver.

Une voiture qui démarra au loin.

Il était parti.

Et je tremblais. Une fois de plus. De peur. De froid. De haine.

Les larmes me montèrent aux yeux, et je fixai la voiture au loin, sa voiture.

— Charlie ! Viens, on va le chercher !

Eléa me sortit de ma torpeur, en me secouant et en agitant des clés de voiture sous mon nez. Mon regard s'ancra au sien, et je hochai la tête en la suivant.

Sans me retourner.

Parce que je savais qu'il était sorti.

Je sentais sa présence, et son regard sur moi.

Dans la voiture, je regardai la route défilée, silencieuses, Eléa conduisait pour me ramener chez moi. Parce qu'il fallait que je le retrouve, je ne pouvais pas tout laisser tomber, je ne pouvais pas abandonner.

Eléa eut à peine le temps de s'arrêter devant mon immeuble, que je m'extirpai de la voiture. Le souffle court, je me ruai dans mon bâtiment et j'empruntai les escaliers parce que ce putain d'ascenseur était trop lent. Arrivée devant ma porte, j'essayai de l'ouvrir en actionnant la poignée, mais elle était verrouillée. Et mon cœur s'arrêta.

Je glissai la clé dans la serrure, la main tremblante. Et lorsque la porte s'ouvrit, le silence régna malgré Ninja qui accourut vers moi. Je pénétrai dans notre appartement, et tout était sombre.

— Charly ?

J'appelai, mais je le savais. Il n'était pas là. Il était parti.

À écouter: Another Love de Tom Odell

Les larmes coulaient le long de mes joues, je m'avançai, et j'appuyai mon dos sur le premier mur que je trouvai, me laissant glisser à terre. Ninja trouva une place sur mes jambes, et vint se blottir contre mon ventre.

Mes yeux se fermèrent, et silencieusement, les larmes coulaient et mon cœur saignait. Parce que j'avais fait n'importe quoi.

Quelle conne.

Des talons claquèrent contre le sol de mon entrée, mais je n'ouvris pas les yeux, seul Ninja releva la tête et le fait qu'il ne bouge pas m'indiqua que c'était Eléa qui m'avait rejoint.