12 ~ Confrontation

1.3K 41 110
                                    

Charlie


Samedi 10h10, Lyon 3ème arrondissement


Mademoiselle Roy ? Ça fait dix minutes que la séance a commencé et vous n'avez pas dit un mot.

J'étais dans le cabinet du psy, depuis dix minutes. Et en effet, je n'avais pas dit un mot. Toute ma vie je m'étais dit que j'étais assez forte pour ne jamais avoir besoin de recourir à des séances de psy, pourtant, aujourd'hui j'étais là. Assise dans un fauteuil, face à un homme que je ne connaissais pas, à devoir raconter ma vie. Le problème, le vrai problème dans tout ça, était que je ne savais même pas par ou commencer.

— Vous voulez pas me poser des questions ? Lui demandai-je penaude.

Il me sourit, un sourire qui se voulut rassurant, mais je n'étais clairement pas à l'aise.

— Mademoiselle Roy, nous ne sommes pas à un entretien, et encore moins a un interrogatoire. Ici, vous pouvez parler librement, de tout ce que vous désirez, au moment ou vous le désirez.

Facile à dire.

Et intérieurement, je me disais que lui aussi allait peut-être devoir aller voir un psy si je lui donnais tous les derniers détails de ma vie.

— Hier soir, j'ai fait une crise d'angoisse, et j'ai cru que j'allais en mourir. Lâchai-je en regardant mes doigts.

Il hocha la tête, mais ne dis pas un mot. Il écrivit sur son calepin puis rebraqua son regard sur moi en voyant que je ne continuai pas.

— Vous en faite souvent ? Finit-il par me demander.

Mon regard parcourait la pièce, comme si je n'avais pas réellement envie de le regarder dans les yeux. Cette sensation était désagréable, s'ouvrir à un inconnu, qui allait finir par connaitre tous les détails de votre vie.

— Ça dépend les périodes. J'en fais depuis la mort de mon père. Mais parfois elles sont moins fréquentes. Ces derniers temps, je dirai qu'elles sont plus rapprochées.

Il hocha de nouveau la tête.

— Ces derniers temps, sont-elles toujours dues à la mort de votre père ou pensez-vous que quelque chose d'autre les déclenche ?

Oh, une sombre histoire de mafieux je dirai.

Allé Charlie, raconte-lui ce qu'il s'est passé. Il est sous secret professionnel.

Je soupirai, puis me lançai dans le long récit de ces quatre derniers mois. Depuis mon arrivée à Naples, jusqu'à mon départ, et le retour des Stelleti depuis trois jours. Le professionnel ne me coupa pas une seule fois, ses yeux divaguaient entre mon visage puis son calepin sur lequel il notait de nombreuses informations. Je lui avais passé les détails des trois fois ou je m'étais faite enlevée, et surtout de la dernière, je n'étais pas réellement prête à en parler. Il me fallait plus de temps. Il hocha la tête à certains moments, la pencha à d'autres, mais jamais les expressions de son visage ne laissaient penser au moindre jugement. Et j'en étais fascinée, je n'aurai jamais pu faire ce métier. J'aurai été incapable d'écouter sans parler, et de ne jamais donner mon avis. Si je m'étais reçue moi-même en séance de psy, je me serais mis une sacré branlée, puisque c'est tout ce que je méritais.

Mon speech dura de longues minutes, il me posa quelque questions lorsque j'eu terminé pour éclaircir certains points qui lui paraissaient encore sombres. Puis, alors que je n'avais pas vu le temps passé, il leva la tête vers son horloge. Elle indiquait 11h.

— Bon, très bien mademoiselle Roy. Ça sera tout pour aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir accepter de vous confier à moi. Je vous propose que nous fassions vite notre nouvelle séance. On peut se dire mercredi prochain 16h ?

Leonessa T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant