Point de vue de Justin
La soirée a été dure, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je suis parti courir dès que j'ai trouvé la force de sortir de mon lit.
Boucler mes valises a été la plus grosse épreuve que j'ai dû à vivre depuis mon arrivée ici. Tout semblait si simple depuis que j'avais retrouvé Leya. Même quand sa sœur nous a mépriser et utiliser comme des vulgaires marionnettes, je n'ai pas ressenti ce vide dans mon cœur.
Renoncer à Leya, c'est renoncer à la vie elle-même. Depuis la seconde où je l'ai revue, j'ai su que je ne pourrais jamais envisager un avenir sans elle. Comment pourrais-je être heureux si elle n'était pas à mes côtés ? Elle représente ce vide que j'ai ressenti toutes ces années, ce but insaisissable que je poursuivais sans jamais l'atteindre. Tout ce qui me passionnait a perdu de sa valeur à l'instant où elle est partie pour Paris. Ma musique est devenue creuse, la célébrité un fardeau, et tout autour de moi m'étouffait.
Je n'ai retrouvé goût à la vie que lorsqu'elle m'a de nouveau regardé. C'est incroyable d'aimer à ce point, presque effrayant et destructeur. Je dépends d'elle, de ses émotions, de son amour.
Si elle décide de ne plus être avec moi, pourquoi devrais-je continuer ? L'idée de la voir sans pouvoir la toucher est insupportable. Et attendre patiemment qu'elle trouve la force de m'accepter tel que je suis me ronge.
Je sais que je ne suis pas parfait. Mes propres angoisses me contrôlent parfois, mes réactions sont souvent démesurées. J'ai peur de la blesser, peur qu'elle ne puisse supporter ma vie sous les projecteurs, qu'elle se sente prisonnière, et que je ne sois pas là pour elle comme je devrais l'être. Moi-même, je me noie dans cette exposition constante, surveillé, critiqué, photographié à chaque instant. Comment pourrais-je être le soutien dont elle a besoin quand je me sens déjà dépassé ?
Peut-être qu'elle a raison de douter de nous. Peut-être qu'elle serait plus heureuse loin de moi.
Je devrais probablement la laisser partir. Avant que je ne revienne, elle semblait épanouie. Elle n'a pas besoin de moi.
Je ne peux pas être égoïste, elle a raison d'avoir peur, je suis trop idéaliste. À la seconde où le monde apprendra qu'on s'est remis ensemble, nous nous retrouverons sous les projecteurs. Elle souffrira, et cette idée m'insupporte.
Je me défonce à la course, a en perdre un poumon. J'ai besoin que mon corps lâche pour que je ne ressente plus rien.
Je suis prêt à accepter que je ne serai jamais heureux, c'est le prix à payer pour la notoriété et la richesse.
Je l'aperçois au loin, elle a aussi décidé de se lever à l'aube. Elle reprend son souffle devant sa maison familiale, c'est hilarant qu'on ait trouvé la même thérapie pour apaiser toutes nos tensions.
Elle est si belle, ses cheveux attachée vulgairement, son front ruisselant. Je ne veux pas ternir ce magnifique visage, elle mérite d'être épanouie. Tant pis si c'est loin de moi. Je l'accepte.