Chapitre 52

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POV Lewis

La ligne d'arrivée m'est apparue comme un soulagement, mais en même temps, elle a brisé quelque chose en moi. La deuxième place. Quand j'ai vu ce chiffre clignoter sur mon tableau de bord, une déception plus amère que je n'aurais jamais cru possible m'a envahie. Une déception crue, sans nuances, sans compromis. C'était exactement la position que je redoutais. La deuxième place, la plus frustrante de toutes. Parce que, d'un côté, c'est un podium, et de l'autre, ça n'est rien d'autre qu'un échec déguisé.

Je n'ai même pas la force de sourire. Je regarde le ciel à travers mon casque, mais rien ne semble changer. Le bruit de la foule, l'effervescence autour de moi... ça me paraît tout à coup tellement lointain. Je suis épuisé, vidé, mais ce n'est pas la fatigue physique qui me consume. Non. C'est la frustration. C'est l'injustice qui me ronge à chaque seconde, chaque millième de seconde qui m'éloigne un peu plus de ce titre que j'avais presque dans les mains.

Je descends de la voiture. Les membres de l'équipe viennent vers moi, mais je les vois flous. Je n'ai même pas la force de leur dire quoi que ce soit. De leur offrir un sourire, même forcé. Je ne peux même pas faire semblant d'être heureux, de me réjouir de cette place sur le podium. La seconde place, pour moi, c'est presque pire que de ne pas monter du tout. Je suis là, sur ce podium, à côté de Valtteri, et je vois Aaliyah au fond, applaudissant. Je me souviens de la première fois où je l'ai vue, et comment elle m'a inspiré. Mais là, je ne peux même pas lui retourner son sourire. Elle est là, avec son enthousiasme naturel, et je me dis que je l'ai laissée bien trop loin dans l'ombre de ma propre déception. Elle mérite mieux que ça. Elle mérite quelqu'un qui peut au moins faire semblant d'être heureux.

Je l'évite. Je n'ai pas la force. Je suis trop dégoûté. Pas pour moi, pas pour ce que j'ai vécu, mais pour cette saison qui se termine sur une telle note. Ce n'était pas la course que j'avais imaginée. C'était censé être la fin en apothéose, la conclusion parfaite. Mais là, je n'ai même pas envie de sourire. Et encore moins de célébrer. J'ai l'impression que mes rêves viennent d'être écrasés sous un poids trop lourd.

Je me dirige vers la réunion de Mercedes sans vraiment réfléchir. Tout ce qui m'intéresse, c'est d'être dans une pièce, seul, sans avoir à affronter la déception des autres. Mais je dois y aller. Parce qu'on va encore me demander de jouer le rôle du champion, de celui qui est toujours en train de se battre pour la victoire. Mais en moi, je sais que cette bataille est déjà perdue. La FIA a décidé. Ils ont tranché, et ils ne reviendront jamais sur leur décision.

Quand j'entre dans la salle, l'atmosphère est tendue. Toto, le regard sévère, se tient là, avec une poignée de dirigeants et de membres de l'équipe. Il parle d'un dossier qu'ils ont ouvert avec la FIA. Il me dit que la situation est loin d'être terminée. Il me parle de cette idée qu'ils essaient de faire basculer, de récupérer ce titre pour moi. Mais je l'écoute à peine. Ce sont des mots. Des mots creux. Des tentatives désespérées pour redresser quelque chose qu'on ne pourra pas changer. L'arbitraire de la FIA ne laisse aucune place à l'espoir. Ils ont déjà tranché. Ce n'est qu'un geste en l'air.

Toto : "On se bat pour toi, Lewis. Je te promets qu'on fera tout pour récupérer ce titre. Il nous revient."

Je hoche la tête distraitement, mais au fond de moi, je sais que ce n'est qu'une perte de temps. Tout ce qu'ils peuvent faire ne changera pas ce qui est déjà écrit. La deuxième place. Ce podium pour lequel on me dit félicitations. Non, je n'ai pas besoin de ça. Je veux juste ce que je sais que j'ai mérité. Ce titre. Celui que j'ai vu m'échapper comme un mirage.

Toto parle encore, mais ses mots me paraissent lointains. Ce sont des bruits, des murmures. Ce n'est plus ma bataille. C'est la leur. Il parle de ce qu'il doit faire pour essayer de récupérer le titre, mais je sais bien qu'il y a une chose qu'on ne peut pas récupérer : l'honneur de la victoire. Et même s'ils réussissent à me rendre ce titre, je saurai au fond de moi que ce n'est plus le même. Je ne l'ai pas gagné de la façon dont je le voulais. La victoire qui m'échappe, et tout le reste n'a pas de sens. Je veux quelque chose de pur. Quelque chose que je puisse appeler vraiment mien.

Entre la vitesse et la mélodie -- Lewis Hamilton & AaliyahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant