Chapitre 5

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Sur la route, je mets quelques minutes à remettre mes idées en place.Je commence peu à peu à réfléchir clairement à ce qu'il s'est passé, et à m'en rendre compte. J'ai l'impression que si Tristan n'était pas intervenu, je ne serais plus de ce monde à l'heure qu'il est. J'exagère sûrement, mais la rage sur le visage de mon père et la force qu'il employait contre moi étaient si intenses que je ne peux penser autrement. Je me repose encore et toujours la même question : Pourquoi me fait-il subir ça ? Pourquoi fait-il ça à sa propre fille ? Un frisson me traverse tout le corps.J'ai mal partout.

Je dois réunir toute ma force mentale pour ne pas craquer, surtout devant Tristan. Je ne veux pas qu'il pense que je suis faible. Je croise son regard, il me sourit, ce qui illumine tout son visage d'une façon étonnamment réconfortante. Je lui dis en lui rendant un sourire timide :

-Merci pour tout à l'heure, heureusement que tu es intervenu.

-C'est normal. Je ne pouvais pas le regarder te frapper sans rien faire. Si je t'ai suivie c'est que je me doutais que tu avais des problèmes familiaux puisque tu voulais t'enfuir. Et... pour être honnête le bleu sur ton avant bras m'inquiétait un peu.

Par réflexe je le regarde et me rend compte que ma manche et enroulée juste au dessus. Je me maudit de ne pas l'avoir remarqué ce matin.

-Oui, malgré tous mes efforts pour les dissimuler, j'ai encore l'habitude de retrousser mes manches, j'essaie de me justifier.

Je commence à les dérouler pour cacher ma blessure. Il me prend le bras doucement et me dit :

-Tu sais, tu n'as pas besoin de les cacher avec moi, j'ai connus ça aussi.

Je le regarde, lui sourit une nouvelle fois et laisse mes manches à leur place. Quelques secondes plus tard, je ne tient plus. Trop de questions tournent dans ma tête.

-Pourquoi m'as-tu suivie ? Tu aurais pu ne rien faire, tu vas sûrement avoir de gros problèmes par ma faute.

-Franchement, ça m'étonnerais que ton père se souvienne de mon visage avec tout l'alcool qu'il avait dans l'organisme. Je t'ai suivie car c'est en quelque sorte mon habitude. Tu avais l'air en détresse, j'ai voulu t'aider.

-Ton habitude? Je m'exclame en m'arrêtant net.

-Ne t'inquiète pas, je ne suis pas un genre psychopathe. Disons quel'usine n'est pas aussi vide qu'elle ne le paraît.

-Tu veux dire que d'autres personnes y vivent ?

Je pose cette question lorsque nous arrivons justement devant l'usine.Nous nous dirigeons vers le second bâtiment et nous arrêtons devant la porte. Alors que je m'apprête à répéter ma question, il prend enfin la parole:

-Depuis à peu près un an que je vis ici, je recueille des enfants qui ont des problèmes. Il y a des orphelins ou des enfants qui ont fugué pour différentes raisons. Disons qu'au lieu de les laisser dans la rue je leur propose de venir vivre ici à condition qu'ils acceptent de respecter quelques règles.

Je suis impressionnée. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Une sorte de refuge pour des enfants en difficulté. C'est génial ! Je commence à penser que je suis tombée sur un véritable héros.

-Il y a combien d'enfants ? Je lui demande, pleine d'admiration.

-Pour l'instant une quarantaine.

-Une quarantaine? Je m'exclame sans pouvoir contenir ma surprise.C'est incroyable ! Tu dois être un véritable héros pour eux.Comment fais-tu pour gérer autant de monde ?

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