Chapitre 38

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Je regarde nos compagnons partir. Ils montent un escalier sur ma droite sans se retourner. J'aperçois Nathan qui glisse son bras dans le dos d'Appoline. Ces deux là se sont bien trouvés.

- Allons-y, me chuchote Tristan à l'oreille.

Il se retourne et part sans prendre la peine de vérifier si je le suis. Je le rattrape en trois grande foulées.

- Pourquoi as-tu pris cette arme ? C'est trop dangereux, je lui reproche.

Repenser à l'épisode d'hier me donne des frissons dans le dos. Sans s'arrêter ni tourner la tête vers moi, il me répond :

- Nous aurions été en danger si nous n'avions pas d'arme. Imagine que quelqu'un se pointe et nous menace ?

- Mais tu ne sais pas t'en servir ! J'essaie de le raisonner. Tu pourrais tout aussi bien tirer sur une personne innocente.

Mais c'est loin de fonctionner.

- Ne t'inquiète pas Alison. Si c'est mon père qui se montre, je te garantie que je ne manquerai pas ma cible.

Nous arrivons devant la porte qui est plus grande que les autres. Elle doit faire trois fois la largeur d'une normale. A droite, un petit boîtier en métal est présent. Tristan braque le faisceaux de sa lampe dessus pour découvrir que des chiffres et des lettres y sont gravés. Il déplie le papier que John lui a donné quelques secondes plus tôt et commence à taper le code. Je le vois presser sans ménagement plusieurs boutons, ce qui donne une combinaison qui n'a sûrement aucun sens : « Z9P58NJ624FJZOVB98 ». Je me demande comment une personne pourrait retenir ces chiffres et lettres mélangés de cette manière. Lorsqu'il finit enfin de taper le code, un « BIP » plutôt bruyant se fait entendre. Je l'entends raisonner dans mes oreilles. Ce son soudain au milieu du silence éternel de cette salle en pleine nuit m'a fait sursauter. Tristan met sa main sur la poignée pour la tirer, mais je place la mienne sur la sienne pour avoir son attention.

- Tu ne comptes sérieusement pas tuer ton père ? Je lui demande, inquiète.

Peut-être qu'Ethan me répugne, peut-être que j'ai l'envie incessante de le frapper à chaque fois que je le vois, mais le tuer ou seulement lui tirer dessus pour le faire souffrir ne me semble pas être une bonne idée. Surtout que Tristan est son fils. Ce fait est certainement devenus un simple détails depuis longtemps, mais s'il compte ôter la vie de son père, je ne veux pas qu'il passe le restant de sa vie à s'en blâmer. Je ne veux pas qu'après cela, il pense qu'il est comme lui.

Il se tourne vers moi pour plonger son regard dans le mien. Je peux y lire une grande détresse. Mais elle est accompagnée de colère et de ressentiment. Et ces trois sentiments ne font pas bon ménage.

- Je ne sais pas. J'en ai envie, mais je me dis que c'est trop facile. Il faut qu'il paie pour tout ce qu'il m'a fait subir et pour ce qu'il veut faire. La mort est trop simple, il ne pourra jamais réfléchir à ses actes ou simplement souffrir comme moi j'ai souffert. Je veux qu'il aille en prison et qu'il se fasse tabasser chaque jour. Mais si là, il venait devant moi avec son air moqueur qui me rabaisse, si il était à quelques mètres de moi entrain de m'insulter et de me menacer encore une fois, je ne sais pas comment je réagirai. J'aimerai te dire que je resterai fort et que je me contrôlerai. J'aimerai te dire que je ne rentrerai jamais dans son jeu, mais je ne peux pas. Je te mentirai.

Je lui prend la main et l'attire contre moi. Il me sert fort dans ses bras, et je fais de même. Je sais que ce contact ne peut rien changer, je sais que ma présence est nouvelle dans sa vie et que je ne pourrais jamais comprendre ce qu'il a enduré. Mais j'essaie de le réconforter du mieux que je peux. J'essaie de lui montrer que je serais là pour lui. Ma tête dans son cou, mes lèvres à quelques millimètres de son oreille gauche, je décide d'accompagner mon geste de paroles :

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant