Chapitre 40

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Sachant que je lui ai parlé du Centre, John nous y ramène en vitesse. Je passe le restant du trajet à rêver. J'essaie de fermer les yeux pour calmer mon cœur qui bat fort dans mes oreilles, mais c'est pire. Il nous assure qu'il nous appellera si Ethan commence à nous soupçonner ou si il trouve un plan. Malheureusement, il a plus de chance de nous contacter pour la première raison que pour la seconde.

Nous rentrons sans nous dire un mot et nous nous dirigeons vers nos chambres respectives. Juste avant d'atteindre le couloir qui mène à la mienne, Tristan me chuchote d'attendre. Je l'écoute et nous nous retrouvons seuls dans le noir, en silence. Contrairement à d'habitude, l'obscurité ne me dérange pas. Je me sens en sécurité grâce à sa présence. Seuls nos souffles entremêlés se font entendre discrètement. Il finit par briser ce silence agréable :

- Je voulais simplement te remercier. Te remercier de ne pas me considérer comme un traître, de ne pas penser que je peux finir comme mon père, de vouloir m'aider à l'arrêter. Et merci pour ce soir. Tu as certainement sauvé une vie. Peut-être n'en valait-elle pas la peine, mais au moins je ne reviens pas ici les mains sales. C'est incroyable tout ce que tu as fait pour moi depuis que nous nous commes rencontrés. Le mot « merci » ne sera jamais assez fort pour désigner la gratitude que j'ai envers toi.

Je sens mes larmes à deux doigts de s'échapper de mes yeux. Je me trouve un peu trop sensible. Mais devant lui, je n'ai pas à faire semblant. Je lui sourit en pleurant. Je suis heureuse de savoir que j'arrive à faire quelque chose pour lui après qu'il ait réussit à changer ma vie du tout au tout.

- Tu n'as à me remercier de rien, je finis par lui répondre. Je te dois tout. Si tu ne t'étais pas mis en danger pour m'aider ce fameux jour, si tu ne m'avais pas montré l'envers du décors de cet endroit, je ne sais pas si je serais encore de ce monde.Tu as su faire renaître le bonheur en moi. Je croyais vraiment que je ne le ressentirai plus jamais. Et désormais, j'ai l'impression que personne ne pourra le reprendre entièrement. Ni mon père, ni Ethan, ni personne d'autre.

Il me sourit. Contrairement à moi, il sait contrôler ses émotions. Je me sens un peu ridicule à pleurer devant lui simplement pour des remerciements, mais je m'en fiche.Il se penche délicatement vers mes lèvres. Alors qu'elles sont sur le point de se refermer sur les miennes, je reprend mes esprits, et je me dégage en reculant d'un pas. Je ne peux pas l'embrasser. Je ne peux pas lui donner de faux espoirs. Car aujourd'hui, je suis complètement perdue. Je ne sais pas si je peux m'engager dans une histoire. Je ne suis pas prête à m'abandonner à l'amour. Ce sentiment est trop contradictoire pour moi. Je ne veux pas souffrir ou le blesser, je ne veux pas le perdre, quelque soit la cause. J'ai peur de gâcher notre relation. Mais ne l'ais-je pas déjà fait en me reculant ? Mes yeux sont fixés sur le sol, je ne peux pas affronter son regard. Je lui murmure un sincère « je suis désolée » et je m'enfuis littéralement. Je cours presque dans le couloir.

J'arrive dans ma chambre complètement essoufflée à cause de mes émotions et non de ma petite course. Je laisse mes yeux fermés. Je n'arrive pas à chasser le visage incompréhensif de Tristan. Je sens mon cœur se déchirer en deux. Mais quelque chose attire mon attention. Malgré mes paupières closes, je sens de la lumière. Je comprend directement que je vais passer un sale quart d'heure. Je me risque à ouvrir les yeux et découvre Ana, assise en tailleur sur son lit, les bras croisé et le regard dur. Je m'avance et m'assois sur mon lit, n'osant pas prononcer un seul mot.

- Où étiez-vous ? Elle me demande, la voix grave.

Avec cette attitude, elle me fait penser à une mère sévère qui vient de surprendre son enfant entrain de faire le mur.

- Pardon ? J'étais seule, je suis allée faire un tour dehors car je n'arrivais pas à dormir, j'essaie de mentir.

Mais elle n'est pas stupide, elle sait exactement où j'étais, et avec qui. Je la déçois encore plus en mentant. Ses mâchoires se contractent. J'essaie donc maladroitement de me rattraper :

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant