Chapitre 8

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Vers treize heures trente, lorsque les enfants commencent peu à peu à partir, je décide d'aller dehors avec Ana. Elle me dit que beaucoup de personnes m'apprécient déjà et que les autres qui n'ont pas eu l'occasion de faire ma connaissance ont hâte de le faire.

Nous parlons ensuite de son travail. Elle m'apprend qu'il n'est pas aussi simple qu'il ne le paraît. Certes, lorsque un enfant avec quelques égratignures se présente, ça l'est. Mais quand un « cultiveur » comme tout le monde appelle les personnes qui s'occupent du champ,arrive avec la main en sang car il s'est coupé avec un outils, c'est plus compliqué. Il n'y a pas le matériel nécessaire pour biens'occuper de tous les cas. Alors dès fois, lorsqu'il n'y a pas d'autre solution, les enfants courageux qui habitent la ville repartent chez eux en douce et volent ce qui peut être utile. Pour l'instant, personne ne s'est fait prendre, mais c'est très risqué et Ana déteste lorsqu'ils doivent en arriver là. Je la comprend et la trouve soudain trop jeune pour supporter tout ça. Malgré tout,je garde mon envie de l'aider et donc pratiquer ce travail.

Lorsque Ana doit repartir à l'infirmerie, je ne sais pas vraiment quoi faire. J'hésite entre aller me promener ou aller sur le genre de pont où m'a emmené Tristan hier soir. Je choisis la seconde option et m'y rend sans attendre.

En arrivant, je vois que Tristan a eu la même idée que moi. Je l'observe un instant. Il est dos à moi et s'appuie de ses bras croisés contre la barrière. Ses cheveux suivent le mouvement du vent alors qu'il regarde l'horizon. Je m'approche discrètement de lui, me place à ses cotés en adoptant la même position.

Après quelques minutes de silence, je lui demande :

-Tu viens ici pour être seul et trouver des réponses n'est-ce-pas ?

La vue est moins époustouflante sans le coucher de soleil mais est tout de même magnifique. On peut mieux distinguer les enfants présents un peu partout sur le terrain ainsi que la forêt qui semble sans fin.

-Oui c'est vrai. J'aime beaucoup cet endroit, notamment car j'ai une vue d'ensemble sur ce que nous avons accomplis. Je me sens si bien ici.

-Tu veux que je te laisse seul ? Je lui demande en me sentant d'un coup gênée de ma présence

- Pas du tout, je suis heureux de partager cet endroit avec toi.Personne ne vient ici, je n'ai pas la moindre idée de la raison et n'ai pas envie de leur demander de peur de ne plus jamais pouvoir être seul avec moi-même. Lorsque je suis là, j'oublie tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés chaque jour.

-Pourquoi m'as-tu emmenée ici ?

-Ce lieu est spécial pour moi et dès que je t'ai vu, une force m'a attiré vers toi. Je ne saurais te l'expliquer. J'avais envie de te faire partager ça, de te montrer en quelque sorte une part de moi.

Je rougis et ne sais pas quoi répondre. Mon premier réflexe est de détourner le regard et fixer une nouvelle fois l'horizon. Nous restons là, tous les deux, seuls et silencieux. Lorsque je suis avec lui je me sens en sécurité. J'ai l'impression que rien de mal ne peut m'arriver. Une question toute simple me vient alors à l'esprit :

-Pourquoi avez-vous décidé de recueillir d'autres enfant ?

-C'est-à-dire ?

-Et bien... D'un côté, rester seuls aurait été plus sûr pour vous. Chaque personne qui intègre le Centre est en quelque sorte un danger. Vous prenez le risque que quelqu'un découvre votre secret un jour.

Il prend quelques secondes pour répondre :

-Disons que j'essaie d'y penser le moins souvent possible. Je n'aurais pas supporté de rester seul avec lui dans ce si grand espace alors que je connaissais des personnes en détresse. Je ne voulais pas profiter de cet endroit sans pouvoir le partager avec d'autres personnes.

Je lui souris timidement.

-Tu sais que c'est rare, une personne comme toi ?

Il me sourit en retour. Je crois même le voir rougir.

Soudain,une sonnerie de téléphone retentit. Tristan sort un smartphone de sa poche puis regarde l'écran de son portable en fronçant les sourcils.

-Excuse moi, je dois répondre.


 Il part sans attendre de réponse de ma part. Je m'appuie contre la barrière, les cheveux aux vent, tout en me demandant qui peut bien être cette personne avec qui il passe du temps au téléphone. Mais la vérité est, qu'à ce moment précis, je m'en fiche. Je me sens bien et ne veux penser à rien d'autre. 

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