Chapitre 28

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Je me réveille au milieux de la nuit à cause d'un cauchemar. On dirait bien que mon temps de repos est terminé. J'essaie de me souvenir des images qui ont provoqués mes hurlements, mais ça m'est totalement impossible. Je regarde instinctivement vers le lit d'Ana qui est malheureusement absente. Je me lève pour changer d'air, sachant que de toute façon je n'arriverai pas à me rendormir.

Je marche lentement dans le couloir pour ne réveiller personne et arrive dans la salle principale sur les pointes des pieds. Une silhouette féminine se dessine dans la pénombre. Elle est assise seule à la table. Je regarde son dos, comme s'il pouvait m'indiquer l'identité de cette personne. Soudain, elle se retourne et je la reconnais immédiatement : c'est bien sûr Appoline. Je m'approche d'elle avec plus d'assurance. Le clair de lune me permet de distinguer plutôt bien son visage. Des larmes perlent sur ses joues, de grands cernes sont présents sous ses yeux. Je m'assois à côté d'elle et pose ma main sur son bras qui, au fil des secondes se décontracte.

Comme Tristan.

Je ne lui demande pas pourquoi elle pleure seule, au milieux de la nuit au lieu de dormir paisiblement. Je sais à quel point c'est dur de savoir la personne qu'on aime dans un possible danger. Ou simplement de le savoir loin de nous. Je ne suis pas éperdument amoureuse de Tristan, mais je sais que ces sentiments que je possède à son égard ne sont pas anodins. Je sais que ceux d'Appoline pour Nathan ne le sont pas non plus. Ça crève les yeux.

- J'ai peur, elle me dit dans un souffle.

Sa peur peut-être liée à Nathan. Ou bien à Tristan. Ou encore au virus. Ces deux mots et demie sont trop vague pour que j'arrive à la consoler. Alors je répond de la même manière.

- Moi aussi.

- Tu penses vraiment que tout va s'arranger ? Elle me demande. Nathan est peut-être entrain de subir les même traitements que Tristan. Tout allait si bien avant qu'on trouve ce fichus journal. Je suis certaine que rien ne redeviendra comme avant.

- Je pense que nous pouvons arranger certaines choses. Mais oui, tu as raison : rien ne redeviendra comme avant. Nous serrons forcément marqués par les événements et le Centre sera sûrement découvert. Je ne peux pas te dire que nous ne trouverons pas de solution d'ici-là, mais il faut que nous nous concentrons sur un problème à la fois. Demain, Morgan et moi allons chercher Nathan. Ce sera une première victoire qui nous fera du bien à tous. Surtout à toi.

Je prononce la dernière phrase avec un petit sourire complice qu'elle me rend volontiers. Je suis heureuse qu'elle ne me tienne plus responsable des événements.

Elle pousse un petit souffle que j'interprète comme un «  garde ton calme » personnel.

- Je suis vraiment terrifiée à l'idée qu'il puisse vivre un enfer. Imagine qu'il revienne totalement changé de cette expérience ? Qu'il reste complètement traumatisé ?

- Si c'est le cas, nous l'aiderons à se retrouver. Ne te laisse pas envahir par l'angoisse et écoute ta raison : tu sais que Nathan est un garçon fort. Il arrivera à surmonter tout ça. Peut-être qu'il lui faudra du temps, mais tu seras là pour lui. Vous êtes une véritable équipe.

- J'espère qu'on arrivera à être plus, elle me répond avec un sourire lointain.

- J'avais remarqué, je lui dit avec un clin d'œil.

Nous restons silencieuses un moment, puis elle se lève.

- Je vais aller me coucher, peut-être que j'arriverai à dormir...

- Bonne nuit, je lui répond.

- Merci Alison, merci pour tout.

Sa voix tremble, elle semble émue. Je suis contente de voir que mon aide la touche autant. Je me sens utile. J'ai l'impression d'être une bonne amie.

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