Chapitre 34

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Sur le chemin du retour je me demande si je n'ai pas été trop dure avec lui. Peut-être aurais-je du lui montrer plus d'affection. Il le mérite malgré ses erreurs. Mais je suis vite tirée de mes pensées. Lorsque j'arrive devant le Centre, le choc est trop grand.

Il y a deux voiture.

L'une est grise. Neuve.

L'autre est de la police.

Mes jambes deviennent un instant du plomb. Je ne peux plus bouger. Je suis bouche bée. La première voiture -sur la droite- est exactement comme celle d'Ethan. Mais je ne crois pas aux coïncidences.

Alors il l'a fait.

Il a parlé à la police. Tristan n'aurait pas dû lui faire confiance. Cet homme n'a aucune parole. Je me met à courir comme si ma vie en dépendait. J'ai en réalité vraiment l'impression que c'est le cas. Je monte trois à trois les marches, trébuchant à deux reprises. Lorsque j'arrive devant la porte, je sais que je devrais m'arrêter et écouter ce qu'il se passe avant d'entrer. Mais je rentre comme une folle, à bout de souffle. La scène est étonnamment calme. Je m'avance de trois pas par réflexe, claquant la porte derrière moi. Je veux attirer l'attention de l'homme que je méprise le plus au monde, de l'homme qui ne sait faire qu'une seule chose: blesser physiquement et mentalement les personnes qui l'entourent.

Tout le monde est assis soit autour de la table, sur les bancs, soit par terre. Ethan est placé au bout gauche, dominant de sa taille les autres qui ont le visage imprégné de peur. Je cherche instinctivement mes amis : ils sont au milieux, les uns à côté des autres, face à moi. Ils me regardent avec inquiétude. Appoline semble à deux doigts du malaise. Elle n'arrête pas de fixer l'homme à l'autre bout de la table.

Christopher.

Il est en uniforme et garde sa main droite sur son arme rangée dans son étuis. Ethan et lui me regardent avec sévérité. Mes yeux restent braqués sur l'arme de cet homme que je croyais honnête. Elle pourrait faire tant de mal dans cette pièce. Les prochaines minutes risquent d'être décisives. C'est lorsque je pense à cela que la situation s'éclaire soudainement. Peut-être ne veulent-ils pas dissoudre le Centre. Peut-être ne veulent-ils pas nous faire du mal. Si c'était le cas, d'autres policiers seraient présents. D'ailleurs, pourquoi John n'est-il pas là ? C'est Ethan et sa voix rauque qui me sortent de mes pensées :

- Alison ! Nous t'attendions, il s'exclame.

Le large sourire qu'il affiche sur son visage ridé me dégoûte. J'ai encore envie de le gifler. Me rappeler que je l'ai déjà fait me procure une satisfaction malsaine, mais bienvenue.

- Que faîtes vous là ? Je lui demande en prenant soin de cracher chacun de mes mots.

- Est-ce une façon d'accueillir un nouveau venus ? -il passe son regard sur toute la pièce en levant les bras- Quel magnifique endroit que vous avez là !

Garder mon contrôle est plus compliqué que je ne l'imaginais. L'envie de lui sauter à la gorge devient plus tentant au fur et à mesure que le temps passe. Christopher, lui, paraît comme déconnecté du monde qui l'entoure. Il fixe un point au milieu de la table tout en tenant fermement son arme sans jamais bouger.

- Que voulez-vous ?

Je serre les dents en entendant ma voix se briser sur le dernier mot. Je ne veux lui montrer aucune faiblesse. Je ne veux pas qu'il pense qu'il a un quelconque impact sur moi. Mais c'est trop tard. Il a pris note du ton de ma voix. Son sourire s'est agrandit.

- Je suis celui qui devrait poser les questions.

En prononçant cette phrase, il commence à marcher autour de la table de la même manière qu'il se promènerait dans les bois. Je serre les points pour m'empêcher de l'insulter. Mais il le remarque aussi. Ma discrétion laisse à désirer.

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