Chapitre 55

215 18 0
                                    

Je suis dans une voiture blindée de police avec John, Jade, Tristan et un agent qui fait office de chauffeur. John est à l'avant, et moi entre mes deux amis. Ma main serre celle de Tristan, qui ne veut plus me lâcher. L'ambiance est tendue, et je sais bien que c'est de ma faute. Si mon père n'était pas en ce moment même entre la vie et la mort, nous serrions entrain de sauter de joie fasse à la réussite de notre plan.

Ou peut-être pas.

Parce qu'Ethan est le père de Tristan qui maintenant sera traité comme un orphelin, parce que John a perdu un ami. Un ami qui l'a trahit, certes, mais un ami tout de même.

Le silence traduit de lui-même la confusion de nos esprits. Un mal de tête apparaît au fur et à mesure du trajet. Cela fait environs dix minutes que nous suivons l'ambulance devant nous. Les sirènes n'ont pas arrêtées de retentir. Et pour mieux m'achever, l'agent a aussi allumé celles de notre véhicule.

Mes pensées deviennent de plus en plus noires au fil des minutes qui passent. Et si c'était déjà trop tard ? Et s'ils ne pouvaient pas le sauver ? Je vois John et l'agent commencer à parler, mais je ne les entends pas. Mes hurlements silencieux couvrent leurs voix. La peur m'enchaîne une nouvelle fois, et je me sens pétrifiée sur place. Je ne peux plus bouger. Je ne peux plus émettre ne serais-ce qu'un son.

Je ne peux pas perdre mon père. Je ne m'en remettrais pas. Oui, il a été ignoble avec moi, il m'a traité de la pire des façons, mais tout le monde a droit à l'erreur. Ce qui compte, c'est qu'il s'en soit rendus compte. Et il y a quelques minutes, la façon dont il me regardait... Il était si désespéré qu'un gouffre s'est créé en moi. Et ce gouffre a emporté toute la rancœur et le dégoût que je lui portais. Peut-être est-ce stupide, mais je ne peux penser autrement. Pas pour l'instant en tout cas.

Il est mon père

Je suis tout ce qui lui reste.

Je remarque à peine que nous sommes enfin arrivés à destination. L'hôpital. Tristan est obligé de me tirer par le bras pour me sortir de mes pensées. Et lorsque je le fais, l'adrénaline reprend le dessus. Je cours vers le brancard où se trouve mon père.

Il est encore inconscient.

Les ambulanciers crient des informations que je ne comprend pas aux médecins sur place. Mais, à voir la gravité de leur expression, je sais que ça ne va pas. Je sais qu'il devra se battre pour sa vie. Je suis tout le groupe de personnes qualifiées à l'intérieur de l'hôpital en ne faisant attention à rien d'autre qu'au visage inanimé de mon père.

Papa.

Soudain, un médecin, ou infirmier- je n'arrive pas à les distinguer- me bloque le passage. J'essaie de le pousser, mais il me retient :

- Lâchez moi, je finis par hurler.

- Vous ne pouvez pas entrer dans la salle d'opération, il me répond d'une voix neutre, dépourvue d'émotion.

- Mais vous ne comprenez pas ! Je hurle encore plus fort. Je ne peux pas le laisser ! Il a besoin de moi !

Une main se pose sur mon épaule

- Alison, intervient Jade avec précaution. Tu ne peux pas rentrer dans la salle, il faut qu'ils le soignent sans que tu ne les distraient.

C'est un bon argument. En tout cas, il l'est assez pour que je grogne et finisse par aller m'asseoir dans la salle d'attente non loin de là. John y est déjà, le regard perdu dans le vide.

- Vous pouvez rentrer chez vous, vous savez. Rien ne vous retient ici. Jade est obligée de rester car ses parents sont en route pour la récupérer.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant