Chapitre 56

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L'excitation retombée, le poids de l'attente devient insoutenable. Nous sommes tous assis sur une chaise, sans parler, à regarder dans le vide en espérant qu'un médecin arrive avec le sourire aux lèvres pour nous annoncer que mon père va bien. Mais plus les minutes passent, plus je perd patience.

Je finis par me lever pour me dégourdir les jambes... et l'esprit. Pour être franche, le distributeur de boisson me fait de l'œil depuis un moment. Je crois n'avoir jamais été aussi heureuse de posséder quelques pièces. Je dois partir un peu trop brusquement car Tristan me suit. Je l'ignore et insère ma pièce dans la machine. Sauf que ma boissons se bloque.

Je tape dessus. Rien.

Je réessaie. Toujours rien.

Je lui donne des coups de poings.

Tristan me bloque les bras et m'entraîne un peu plus loin. Je me débat un peu, mais dès que mon regard croise le sien, je m'arrête. Il paraît si inquiet que tout ce que je peux et veux faire, c'est le prendre dans mes bras. Je le serre fort contre moi, et je me sens un peu mieux. Mes larmes commencent à retomber doucement. Mais rapidement, je ne peux plus me contrôler. Je suis secouée de spasmes, et je m'accroche littéralement à lui, comme à ma bouée de sauvetage. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Ce qui est sûr, c'est que je ne serais rien.

Il passe délicatement sa main dans mes cheveux. Ce geste tout simple arrive à me calmer un peu. En tout cas, assez pour relever ma tête et l'embrasser. Le contact de nos lèvres que je chéris toujours autant fixe les morceaux de mon cœur qui étaient éparpillés dans mon âme.

Je peux enfin me contrôler.

Il me regarde de ses yeux brillants et me sourit. J'aime le voir faire ça. C'est dans ces moments là que je sais avoir fait le bon choix en revenant vers lui ce fameux soir.

Je l'aime plus que tout au monde.

- Ça va aller, il finit par me dire.

- Je ne sais pas, je lui répond dans un souffle. Ça va faire deux heures qu'il est là dedans, et nous n'avons pas eu de nouvelles. Je commence à perdre espoir.

- Toi ? Perdre espoir ? Tu te moques de moi j'espère ? Il y a toujours une lueur d'espoir, dans chaque moment. Tu en es la preuve vivante ! Compare ta situation au début de l'été à ta situation aujourd'hui et ose me dire que l'espoir n'est pas utile.

- Ce n'est pas pareil. Tu es la raison de la réalisation de tout ça. Là, sa vie est entre les mains des médecins, et il peut partir d'un instant à l'autre.

Je me refuse à prononcer le mot « mourir » à voix haute. Ce serait comme accepter... L'inévitable. Et je ne veux pas. Tristan doit remarquer mon trouble parce qu'il prend mon visage entre ses mains douces.

- Justement, sa vie est confiée à des médecins expérimentés. Ils vont le soigner. Oui, ça prend du temps, mais ça ne veut pas dire que tout est terminé. Au contraire, ça prouve que ton père se bat pour sa vie.

J'arrive à esquisser un sourire faux, mais pour être honnête, il me fait un peu de bien.

- Merci, je lui murmure avant de reposer ma tête contre sa poitrine.

Je me sens mieux, je dois l'avouer. Mais cette pointe d'angoisse enfoncée dans mon estomac me fait encore mal.

- On fait quoi pour mon sodas, alors ? Je demande pour détendre un peu l'atmosphère.

Soudain, la porte par laquelle mon père et les médecins sont entrés tout à l'heure s'ouvre sur une femme en... Combinaison ? Je prend par la main Tristan et lorsque nous arrivons à la hauteur du médecin, celle-ci me demande :

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