Chapitre 54

181 16 0
                                    

J'entends beaucoup trop de coups de feux, et je reste ébahie devant cette scène. Mes muscles ne répondent plus, et c'est Tristan qui me pousse à terre. Je reste serrée tout contre lui en fermant les yeux le plus fort possible, espérant me réveiller d'un mauvais rêve. Le cris de mon père, la respiration saccadée de Tristan et les bruits de luttes tout autour de moi me glacent le sang.

Soudain, je repense à Jade. Elle doit être plus en danger que jamais. J'essaie de me relever tout en criant son nom, mais Tristan me plaque de nouveau au sol. J'essaie de protester en le repoussant, mais mon cœur rate un battement lorsque je lui touche le bras et qu'il pousse un cri.

Un cri de douleur.

Je baisse alors mes yeux qui mettent une image sur la sensation poisseuse que j'ai sentis.

Du sang.

Mon premier réflexe est de crier à mon tour. Mes yeux se remplissent de larmes mais je les chasses d'un revers de la main. Je repose ma main sur son triceps gauche et ne trouve pas de trou. La balle l'a « effleuré », mais il saigne beaucoup. Me rappelant de ce que j'ai vu à la télé, je retire mon gilet et le presse de toute mes forces sur sa blessure. Il repousse un cri de douleur, mais je n'ai pas le choix.

Enfin, aussi brutalement qu'ils ont commencés, les coups de feux cessent. Je relève la tête et m'essuie encore une fois le visage pour enlever mes larmes, ce qui laisse sûrement une trace de sang.

C'est la dernière de mes préoccupations.

Christopher est à terre, un policier lui prend le pouls, puis secoue la tête avec une grimace de désolation. Mon cœur se serre malgré moi en pensant à sa femme qu'il laisse derrière lui.

Ethan, de son côté, semble malheureusement bien se porter, mais il hurle de rage. Ce qui a en soit, quelque chose de satisfaisant. Il se débat contre deux policiers qui essaient de le maîtriser pour lui mettre les menottes. L'un d'eux, paradoxalement le moins costaud, perd patience et le plaque contre le sol avec une telle violence que je grimace.

Ça y est, Ethan est hors d'état de nuire.

Enfin.

Je me tourne vers Tristan pour lui annoncer la bonne nouvelle, mais il s'est un peu redressé et a assiste comme moi à la scène. Il sourit. La douleur semble presque s'être estompée grâce à l'anesthésie du bonheur. Au loin, le son des sirènes des véhicules de secours se font de plus en plus intenses. Ils seront là d'une minute à l'autre.

Je cherche Jade du regard pour partager cette joie nouvelle, ce soulagement qui met fin à toutes ces semaines d'angoisse et de peur. Je la vois accroupie devant l'entrée.

Devant une personne allongée.

Mon père.

En une dixième de seconde, l'angoisse revient :

- Papa ! Je hurle.

Mes yeux sont embués de larmes qui décident de couler en cascade sur mes joues. Je ne peux détourner le regard de la scène. Il est immobile, les jambes écartées. Jade est penchée sur lui et a l'air de s'affoler.

- Va le voir, me murmure Tristan.

Je détache le regard de cette scène pour le regarder à lui. Je lis dans ses yeux de l'inquiétude. Je lui donne un baiser sur le front pendant qu'il prend ma veste pour la presser lui-même contre sa blessure et m'empresse de rejoindre mon père. Je cours et trébuche presque à sa hauteur. Jade me lance un regard de désolation et je baisse mes yeux sur ses mains.

- Non ! Je hurle encore.

Mon père est blessé à la cuisse droite. Du sang coule abondamment par terre et recouvre pratiquement toute sa cuisse. Sa blessure est à l'évidence beaucoup plus grave que celle de Tristan. Jade appuie dessus sans ménagement. Ses mains sont trempées de sang et n'arrivent pas à retenir correctement l'hémorragie. Nos regards se croisent et je lis dans son visage de la désolation.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant