Chapitre 46

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Lorsque la sonnerie de mon dernier cours sonne enfin, un frisson d'excitation me traverse tout le long de la colonne vertébrale. Il me tarde de retrouver mes amis et de tout leur raconter de ma journée. Et je l'admet, pour me plaindre également. Je me sens comme une petite fille lors de sa première rentrée des classes. A la fin de la journée, à cet âge si bas, nous avons tous courus dans les bras de nos parents, ravis de les retrouver. Aujourd'hui ce sera la même chose pour moi, sauf que je sauterais dans les bras de mes meilleurs amis.

En sortant de classe, je dis rapidement au revoir à Jade que je reverrais demain. Je suis évidement à pieds et je brûle sous le soleil de fin d'été. Au bout de dix minutes, je décide de m'arrêter pour reprendre mon souffle sous un arbre qui diffuse une ombre délicieuse sur ma peau quasiment ruisselante de sueur.

Glamour.

Je m'adosse contre son tronc sec, puis me laisse glisser contre l'écorce sèche pour m'affaler par terre. Je ferme les yeux pour mieux sentir le vent chaud caresser mon visage. J'essaie de me convaincre qu'il est frais, mais ça ne marche pas.

J'aurais essayé.

Soudain, je sens la présence de quelqu'un. J'ouvre instantanément les yeux et sursaute en voyant John accroupis juste à quelques centimètre de moi.

- Vous êtes fous de me faire des frayeurs comme ça ? Je m'indigne.

Il s'assoit en esquissant un sourire.

- Je pensais que tu dormais, il explique. Je ne voulais pas te réveiller trop brusquement,

- Donc vous me regardiez tranquillement comme un psychopathe ?

Il lève les yeux au ciel, agacé par mes reproches, et prend une brindille d'herbe qu'il tourne dans ses mains. Je finis par lui sourire histoire de lui montrer que je n'étais pas déçue de le voir et nous gardons le silence quelques secondes de plus. Il ferme les yeux et paraît savourer autant que moi ces derniers jours de chaleur et de soleil.

Mais il finit par rouvrir les yeux et me dit enfin ce qu'il fait là :

- Je passais en patrouille tout seul dans le coin, et je me suis dit que ce serait une bonne idée de venir te voir après ce premier jour de reprise des cours. Comment c'était ?

- C'était génial, je lui répond avec le ton le plus ironique que je n'ai jamais utilisé. J'ai découvert que mes amies d'enfance s'amusent à étendre des rumeurs stupides sur moi. Savais-tu que cet été j'avais séjourné dans un hôpital psychiatrique après ma tentative de suicide ? - il lève les yeux vers moi, intrigué- Non ? Super, parce que moi non plus, je n'étais pas au courant.

Il secoue la tête lentement tout en prenant une autre brindille d'herbe. Ce que je viens de lui dire semble l'avoir un peu énervé.

- Le lycée est une vraie cage aux lions. Ces rumeurs étaient à prévoir. Il y en a toujours. Lorsque j'y étais, j'étais le « Sam » de toutes les soirées. Je ne buvais pas – je ne bois d'ailleurs toujours pas- et c'était moi qui ramenais tous mes amis sains et saufs chez eux. Un soir, à une de ces soirées, un des mes sois disant amis voulait absolument me faire boire parce que tout le monde était dans un état secondaire, sauf moi. J'ai refusé plusieurs fois, et frustré comme il l'était, le lendemain il a raconté à tout le monde que j'avais finis minable, à vomir et crier partout. Évidement, tous les élèves l'ont crus et ils ne voulaient plus m'inviter à leurs soirées de peur que je la fasse trop dégénérer. Mon amis ne s'est jamais excusé en disant que de toute façon, je ne devais même pas m'amuser puisque je ne buvais pas.

Je suis à la fois contente et étonnée de voir qu'il me confie une de ses histoires personnelles. Je suis révoltée de voir que sa réputation a été bousillée du jour au lendemain par un abrutis qui ne s'est même pas excusé. Ce qui fait de lui un double abrutis. Mais ce que je n'arrive pas du tout à comprendre, c'est la réaction des autres.

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