Je n'ai pas dormis de la nuit. Ou alors peut-être une heure ou deux. Pas plus. Mon esprit ne voulait tout simplement pas arrêter de penser. Penser à John et à ses bleus, à mon père et ses mains sur le visage de mon amis, à Ethan et son délire de virus. Je ne comprend toujours pas pourquoi il a utilisé ce moyen pour faire souffrir mon père. Je ne le pourrais certainement jamais.
Je finis par me lever non sans mal. Je n'ai pas réussis à dormir, mais la fatigue ne se fait pas moins intense. Je me met debout un peu trop rapidement et reste un moment sur place pour chasser les points noirs qui dansent dans mon champ de vision.
Je vais dans la pièce principale où quelques personnes sont déjà présentes. Elles me regardent toutes avec gravité. Hier soir, nous avons organisé une de nos fameuses réunions et tout le monde s'est mis d'accord sur ce que Tristan, John et moi allons faire aujourd'hui. Je prend une pomme rapidement et sors dehors. Je ne veux pas parler.
Arrivée devant l'usine, je me met face à elle et la contemple. Elle est toujours aussi peu accueillante. Une sensation de nostalgie m'envahit en la regardant. Je revois Tristan essayant de me convaincre de revenir ici, ce qui me fait sourire. Nous avons fait du chemin, depuis ce fameux jour. Jamais je ne le remercierais assez de ce qu'il a fait pour moi.
Je finis par m'asseoir contre la façade du bâtiment, à guetter le moment où John arrivera au volant d'un camion, sourire aux lèvres.
Ou pas.
Tristan finit par me rejoindre. Il s'assoit à côté de moi et me prend dans ses bras. J'imagine qu'il a du remarquer mon combat intérieur.
- Il est neuf heures vingt, il me dit. Il ne va plus tarder, ne t'inquiète pas.
- Et s'il ne vient pas ? Qu'allons nous faire ? Nous n'avons même pas de plan B.
- Trouver un seul plan a déjà été assez dur comme ça, il répond en me serrant encore un peu plus fort. Je suis sûr qu'il va marcher.
- Comment peux-tu en être certain ? Je lui demande en le regardant enfin.
- C'est ridicule, mais je le sens. J'ai l'impression que rien ne pourra nous empêcher d'y arriver. Il faut bien qu'un jour la roue tourne, non ? Ce serait bien que, pour une fois, la chance soit de notre côté.
Je lui souris. Il trouve toujours les bons mots, c'est incroyable. Nos lèvres se scellent dans un baiser doux et délicieux. Lorsque nous nous écartons l'un de l'autre, mon premier réflexe est de me tourner vers un bruit que j'entends sur ma gauche. Un bruit de moteur plutôt bruyant.
Un camion.
Je me lève d'un bon en évitant de pousser un cri de joie. Je ne sais toujours pas si c'est le camion dont nous avons besoin. Il est plutôt long et blanc. Basique. Mais plus il se rapproche, plus je remarque des détails, dont un important.
John est au volant.
Mais...
Il a un passager.
Le camion se rapproche encore et je mets ma main en visière pour ne pas être ébloui par la lumière qui se reflète du pare-brise.
Et là, je l'aperçois.
Jade.
Je suis perplexe. Que fait-elle ici ? Est-ce une personne de la famille de John ? Sa fille ? Sa nièce ? Et puis même, elle n'a aucune raison de l'accompagner.
John gare le camion devant nous. Je suis si soulagée de le voir en possession des virus que j'en oublie presque la présence de Jade. C'est incroyable, après tout ce temps, ça y est. Nous commençons enfin à prendre les choses en main. Le contrôle est une sensation aussi rare qu'agréable.
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Le Centre
Teen FictionJe m'appelle Alison et j'ai seize ans. Ma vie a basculé il y a deux ans dans un accident de voiture. Après cela, la violence faisait partie de mon quotidien. Aujourd'hui, grâce à la découverte d'un lieu unique, je peux enfin m'autoriser à vivre. J'a...