Chapitre 6

761 27 1
                                    

Nous prenons une porte à droite qui ouvre sur un couloir. Il m'explique que c'est les chambres des filles et qu'au fond, une pièce est présente avec à l'intérieur un lavabo et un miroir. La partie des garçons est de l'autre côté de la grande pièce. Les douches,elles, sont en bas, comme dans le premier bâtiment. Il me tend mon sac et me dit de prendre un lit et un peu de temps pour moi. Il part ensuite et me laisse seule.

J'avance dans le couloir jusqu'à atteindre la dernière porte, que j'ouvre. A l'intérieur de la pièce sont présents quatre lits dont seulement un a l'air de servir car une couverture est posée dessus contrairement aux autres. Un petit bureau et une armoire sont également présents. La pièce est sombre à cause d'un épais rideau présent devant la fenêtre. On ne peut pas faire plus simple.

Je décide de prendre le lit près de cette fenêtre, je ne sais pour quelle raison mais il me semble plus rassurant. Je jette mon sac dessus et entreprend de le vider lorsque je me rappelle de la sorte de petite salle de bain. Je décide alors de m'y rendre pour constater les dégâts du jour.

J'entredans la petite pièce qui ne possède malheureusement pas de porte.Je me dirige vers le miroir et suis de suite choquée par mon reflet.Ayant enlevé mon foulard, le bleu sur mon cou est visible. De nouvelles traces sont apparues : mon œil et ma mâchoire ont légèrement gonflés et virent au bleu-violet. Je lève mon t-shirt et me rends encore une fois compte de la violence des coups que j'ai reçu. La couleur de ma peau commence aussi à virer au bleu au niveau des côtes. Heureusement, personne n'aura à voir cette partie de mon corps. Par contre, Je ne vais pas pouvoir dissimuler mon coquard et je redoute déjà les questions sur sa provenance.D'habitude, il essaie de ne pas me frapper au visage histoire que lorsque je suis dans la rue, je ne marche pas ayant l'air de dire« Salut tout le monde, et oui vous avez raison, je suis battue ! ».

Pour être franche, mon visage entier ne ressemble plus à grand chose. Il est maigre et sans couleurs. Effectivement, la peur constante n'attise pas l'appétit.

Envoyant mes cheveux châtains emmêlés , je repense au moment où il me les tirait. En voyant mes yeux marrons clairs, je repense à toutes ces larmes qui ont coulées, ces larmes qui ne sont que de simples gouttes provenant de l'orage qui fait rage depuis deux ans en moi. Je suis ce genre de fille qui ne se trouve pas vraiment jolie,qui n'a pas beaucoup confiance en elle. Alors maintenant que je suis défigurée et trop maigre à mon goût, mon estime de moi est au plus bas.

Je me penche, ouvre le robinet et m'asperge le visage.

Ça fait du bien.

Je me redresse, les mains sur les bords du lavabo. Je relève la tête et ouvre lentement les yeux.

J'hurle.

Je vois le reflet d'une fille qui est derrière moi et me fixe dans le miroir. Au son de mon cri elle sursaute et me dit :

-Pardon ! Je ne voulais pas te faire peur !

Son visage paniqué et ses mains levées comme si je la menaçais d'une arme me font prendre conscience que je suis complètement ridicule.Il faut que je me décontracte un minimum si je ne veux pas faire peur à tout le monde.

-Non, ce n'est rien, je lui répond le plus agréablement possible.C'est moi qui suis un peu sur les nerfs en ce moment.

-Je m'appelle Ana, elle me dit alors timidement en se rapprochant.

Je me retourne pour la voir elle, et non son reflet. Elle ne doit pas avoir plus de treize ans et est assez petite pour son âge. Ses cheveux bruns sont parfaitement tirés en arrière pour former une longue queue de cheval. Ses yeux noirs me fixent avec intensité,mais c'est le sourire qu'elle affiche qui me prouve qu'elle est heureuse de me rencontrer.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant