Chapitre 44

254 16 1
                                    


Ça y est.

Nous y sommes.

Ce matin, je retourne au lycée sous l'avis positif du Centre. Hier, en rentrant, Ana et moi avons convoqué tout le monde pour leur parler de notre matinée animée ainsi que du plan de John. Il a suscité une excitation générale, ce qui est une bonne nouvelle. La mauvaise est bien évidemment que je vais devoir retourner « apprendre » au lycée. Je sais bien que c'était prévus avec Nathan, mais ce n'était pas certain.

Aujourd'hui ça l'est.

J'aurais mille fois préféré rester ici aujourd'hui à flâner dans les bras de Tristan. Car si nous y réfléchissons bien, je n'ai jamais passé une journée entièrement paisible en sa compagnie. Cela rajoute une nouvelle raison à ma mauvaise humeur.

Je l'entend remuer à côté de moi. Le son de son portable qui m'a ce matin servit de réveil a dû le réveiller. Je l'envie qu'il puisse rester au lit. Il est sept heures et quart et je dois me préparer.

C'est déprimant.

Quoi ? Ah oui c'est vrai... J'ai une nouvelle fois dormis avec lui. N'avais-je pas le droit à un minimum de réconfort à l'annonce de cette journée ? Surtout que je vais être seule. Nathan ne viendra pas car son père veut l'inscrire dans un lycée privé.

Génial.

J'arrive rapidement devant les grilles du lycée puisque personne n'était levé au Centre. Personne ne se lève jamais à cette heure. Sauf moi, maintenant. Ces grilles de métal me paraissent plus imposantes qu'avant. Elles s'ouvrent sur un long chemin menant à un seul bâtiment visible. U n grand bloc de béton coupé quelque fois de bouts de bois bleus histoire de faire plus accueillant. Évidemment, l'école ne possède pas uniquement ce bâtiment. Les autres sont cachés derrière. Je me suis arrêtée comme une idiote en plein milieu du passage, ce qui me vaux quelques bousculades et des « mais qu'est-ce qu'elle fout plantée là, elle ? ». La poésie des adolescents en pleine crise de puberté m'avait manquée. J'ai l'impression d'être une grand-mère de quatre vingt dix ans en pensant cela, mais ce n'est pas de ma faute.

Je ne les supporte pas.

Je me décide enfin à avancer. Mettre un pas devant l'autre devient de plus en plus compliqué au fur et à mesure que je me rapproche du troupeau qui s'agglutine devant les listes de classe. Les groupes sont déjà bien visibles: les filles populaires et leurs copains qui rient à gorge déployée pour bien se faire remarquer et montrer aux autres que leur vie est bien meilleure que la leur, et heureusement, d'autres plus normaux qui ne cherchent pas à attirer l'attention. Je me dirige vers la liste des premières littéraires. Je trouve mon prénom rapidement et découvre ceux de mes autres camarades. Deux de mes anciennes amies sont dans ma classe.

Super.

Je me retourne pour sortir de la chaleur étouffante. Le bruit de la foule se fait de plus en plus grand, et laisse place à un brouhaha où cris de joie et pleurs pour certains s'entremêlent. En essayant de partir loin de l'amas d'adolescents, je bouscule quelqu'un et je m'empresse de m'excuser :

- Pardon, ça va ?

J'ai juste le temps de me retourner et découvrir le visage contrarié de Marie. Oui, une ancienne amie. Et la comédie recommence.

- Oh, Alison ! Elle s'exclame. Ça me fait plaisir de te revoir ! Je ne pensais pas que tu reviendrais !

Sa voix aiguë me fait grincer des dents. Vous savez, c'est cette voix qui donne envie de crier «  tu veux pas essayer de parler normalement ? Tu me casses les oreilles ! ». Mais je reste polie pour ne pas attirer l'attention sur moi. Même si je me doute que pour le denier point, c'est déjà trop tard.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant