Chapitre 19

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Je me rend compte que je n'étais pas si mal que ça dans la salle d'interrogatoire lorsque je la quitte, le cœur battant à un rythme très soutenu. J'aurais préféré rester dans cette salle une éternité plutôt que d'avoir à me retrouver seule avec mon père.


Certes,il a l'air d'avoir changé, mais n'avait-il pas l'air bienveillant et sobre devant ses collègues il y a quelques semaines, alors qu'il rentrait le soir complètement saoul pour me frapper sans aucune raison apparente ? Ce que j'ai vu n'est donc peut-être qu'une illusion. Peut être est-il sobre seulement pour ne pas avoir d'ennuis avec la police et ce soir, en rentrant, il ouvrira une nouvelle bouteille de Whisky qu'il avait tant attendu. Et bien évidemment, après l'avoir vidée, il passera toute la colère accumulée lors de ces dernières semaines sur moi.

-Que va-t-il arriver à Tristan ? Je me surprend à demander tout en m'arrêtant, trouvant un prétexte pour retarder autant que possible les retrouvailles.

-Pourquoi t'inquiètes-tu pour lui si tu ne le connais pas ? Me demande donc Christopher.

-Ce garçon venait simplement voir sa grand-mère et, à cause de moi il s'est retrouvé menacé d'une arme et traité comme un délinquant.

-Je ne sais pas. John l'interroge encore.

Savoir que c'est lui qui l'interroge ne me plaît pas du tout, sachant que j'ai eu un vague aperçu de ce dont il est capable pour arriver à ses fins.

-Mais il faut que tu saches qu'on s'est renseigné, il continu. Aucune de ses grands-mères ne sont enterrées ici. C'était également un enfant recherché depuis des mois. Son père s'est pointé avec un avocat, c'est pour ça que l'interrogatoire est plus long.

Le père de Tristan est donc également venu. Peut-être l'ais-je vu sans le savoir ? Pourquoi est-il venu avec un avocat ?Comment se sent Tristan à présent que son père est à ses côtés ?Et où est sa mère ? Que de questions sans réponses qui se bousculent dans ma tête.

Ce que je sais, c'est que par ma faute, Tristan est obligé de reprendre contact avec son père, celui qui lui a peut-être donné envie de fuir. A l'heure qu'il est, il doit déjà me détester. A cause de moi nous nous sommes fait menacés d'une arme, traités comme des criminels, interrogés – ce qui peut mettre le Centre en danger- et nous sommes obligés de retourner dans notre ancien foyer en compagnie de l'être que nous détestons le plus. Et tout ça en seulement quelques heures.

Que penseront nos amis lorsqu'ils remarqueront que nous ne revenons pas ?Que vont-ils faire ? Vont-ils partir à notre recherche et se faire arrêter également par la police ? Il faut que j'empêche tout cela. Il faut que je retourne auprès des personnes qui me sont chères avant qu'elles prennent une mauvaise décision.

Le virus attendra.

Voyant que je ne suis pas décidée à bouger, Christopher me prend le bras et me guide jusqu'à un bureau situé au milieu des criminels.

Par chance, l'homme squelettique au regard de psychopathe n'est plus là.Mon petit soulagement est vite compensé par l'homme que je vois assis sur une chaise, face au bureau, dos à nous.

Mon père.

Christopher,empruntant une voix nettement moins agréable que lorsqu'il me parle,demande :

-Liam Mellin ?

Mon père se retourne alors et, voyant que la voix appartient au policier, il se lève. Il me regarde ensuite, les mâchoires serrées et les yeux respirant un sentiment indéchiffrable mais semblant comporter du regret, de l'espoir et... De la pitié ? Je le regarde à mon tour, faisant de mon mieux pour que mes yeux reflètent les quatre sentiments qui me viennent à l'esprit en le voyant :de la colère, de l'incompréhension, de la surprise ainsi que... De la pitié. Nous avons au moins un point commun : de la pitié l'un pour l'autre.

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