Chapitre 16

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Tout le monde se tait. Cet article nous fait à tous l'effet d'une bombe.Comment des enfants portés disparus et non scolarisés pourraient avoir accès à ce vaccin ?

Je pensais que tous se mettraient à crier, à se disputer pour savoir si oui ou non, nous irons nous faire vacciner. Mais tout le monde se tient là, et nous regarde, Tristan et moi dans l'attente que l'un de nous deux réagisse. Je relis rapidement l'article pour moi-même,pour que chaque mot se grave dans mon esprit, de peur d'avoir manqué quelque chose qui pourrait nous redonner espoir. Puis je regarde Tristan, qui pour la première fois depuis notre rencontre semble vaincu. Enfin, je dirige mon regard vers les enfants, et suis frappée par les traits de leur visage, plus durs que jamais, chargés de peur. Certain ont les joues mouillées, d'autres les yeux remplis de larmes et luttent pour ne pas les laisser s'échapper .

Je ne peux plus dire que ce sont des enfants.

Non.

Après avoir vécus plus de moments atroces que le trois quart de la population de cette Terre, ils viennent d'apprendre qu'ils vont sûrement être victime d'un virus mortel. Ce ne sont plus des enfants insouciants qui passent leurs journées à s'amuser. Ce sont des personnes qui travaillent pour se nourrir et ont eu le courage de tout abandonner pour le Centre.

Ce sont des battants.

Si nous n'arrivons pas à trouver un moyen de nous faire vacciner, nous mourrons.

Ce mot me fait mal au ventre.

Peut-être aurons nous une chance ? Peut-être que ce virus n'est pas aussi menaçant qu'il le paraît ? Peu importe, nous ne pouvons pas prendre de risque. Il nous faut ce vaccin, quel qu'en soit le prix.Les mots commencent à sortir de ma bouche sans le vouloir, et je m'entend dire :

-Écoutez, cette situation est vraiment affreuse. Pour être franche je n'ai aucune idée de comment nous pouvons nous en sortir. - Un enfant fait mine de vouloir parler mais se ravise lorsque je lève un doigt pour le faire taire- Ce que je sais, moi qui suis ici depuis seulement quelques semaines c'est que nous sommes tous des battants.Nous avons traversé énormément de dures épreuves et nous nous en sommes sortis car nous avons eu le courage et la force de tout abandonner pour venir vivre ici et ainsi pouvoir décider de notre avenir. Certes, cette situation peut sembler sans espoir, mais je vous garantie que dans moins de trois jours nous trouverons une ou même des solutions, comme toujours. Ne déprimez pas en vous disant que nous sommes condamnés. Chaque problème a une solution.Celle-ci n'est certainement pas évidente à trouver, mais je suis certaine qu'elle existe.

Un enfant que je n'arrive pas à situer dans la foule cri :

-Et si nous ne trouvons pas de solution, qu'est-ce qu'on deviendra ?

Le silence redevient pesant et je ne sais quoi répondre. J'ai envie de croire qu'il y a forcément une solution mais si ce n'est pas le cas... Je ne veux même pas y penser.

-Ne pensons pas de façon négative tout de suite. S'il-vous-plaît,essayez de croire qu'on peut s'en sortir. Dans trois jours, lors dure pas nous en reparlerons. Je suis sûre que tout ira bien.

Je n'aime pas mentir mais cette phrase était nécessaire pour leur donner de l'espoir ainsi que du courage. Je jette un coup d'œil à Tristan qui a écouté chacune de mes paroles en hochant la tête,mais sans intervenir. Personne ne bouge, attendant qu'il prenne la parole à son tour.

Sachant qu'il ne dira pas un mot, j'ajoute :

-J'imagine que personne ne veut continuer la soirée maintenant. Allez vous coucher, la nuit porte conseils.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant