Chapitre 3

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Je regarde autour de moi et ne sais vraiment pas où aller. Je ne peux et ne veux pas rentrer chez moi, et aller au lycée n'est pas une option sachant que c'est les vacances d'été. Après quelques minutes de réflexion, Je me souviens d'une usine abandonnée à la sortie de la ville. Personne n'y est allé depuis des mois.S'y promener n'est pas vraiment excitant mais je me dis que peut-être je pourrais dormir là-bas ce soir et partir demain matin pour la capitale. Tout cela me semble tellement compliqué. Après tout je n'ai que seize ans, je ne sais pas du tout comment je vais m'en sortir.

Depuis très longtemps j'économise de l'argent que je cache maintenant dans ma penderie de peur que mon père le trouve et me le vole pour s'acheter de nouvelles bouteilles. Je dois avoir environs six cents euros grâce au baby-sitting et autres petits boulots que j'avais auparavant mais que j'ai du abandonner car mes bleus devenaient de plus en plus visibles et mes employeurs me posaient des questions sur leur provenance. La supérette de la ville n'a pas de caméras de surveillance, je pourrais peut-être voler quelques produits sans me faire prendre et deux fois par semaines il y a un marché avec toutes sortes de nourriture et des fruits qui peuvent être pris sans problème en toute discrétion. Ce n'est pas légal mais je n'aurais pas le choix.

Oui,je vais sûrement rester ici quelques temps, et puis qui sait ?Peut-être qu'il changera après avoir remarqué que je suis réellement partie. Je me fais sûrement encore de faux espoirs mais il m'est impossible d'arrêter.

Je n'y arriverais jamais.

Je vais pouvoir garder un œil sur lui et par la même occasion, aller voir maman de temps-en-temps, certes moins souvent à cause de la police qui me cherchera certainement. Enfin, si papa les appelle. Il est possible qu'il ne prenne pas la peine de le faire, soit parce qu'il sera trop saoul pour se rendre compte de mon départ, soit car il sera heureux de me savoir loin de lui.

Ou peut-être un mélange des deux.

Je décide d'aller jeter un coup d'œil à l'usine histoire de savoir si elle est en assez bon état pour y vivre. Je suis pratiquement à la sortie de la ville, il me faut seulement vingt minutes en passant par les petites rues pour l'atteindre.



Arrivée devant, je suis impressionnée par la grandeur des lieux. Je me sens ridicule à côté des deux énormes bâtiments en bétons reliés par une sorte pont. Ils possèdent chacun deux rangées de quatre fenêtres et une immense porte d'entrée comparable à celle d'un garage. Dans la ville, il n'y a pas moins accueillant et froid que cet endroit. Les personnes qui y travaillaient devaient avoir l'impression de se rendre en prison.

Je m'approche doucement du premier bâtiment dont les fenêtres sont cassées. Ce lieu me donne la chair de poule mais je reste optimiste et pense que je finirai par m'y habituer. J'arrive à la porte qui n'est même pas cadenassée ou fermée à clé, ce qui ne m'étonne pas du tout. Franchement, qui pourrait avoir envie de rentrer là-dedans ?

Je suis tellement désespérée que la réponse est moi.

Après quelques secondes d'hésitations due à la peur, je me décide enfin à entrer. J'ouvre la porte qui émet un bruyant crissement. Les fenêtres cassées offrent un minimum de lumière mais ne rendent malheureusement pas l'intérieur moins inquiétant. Les murs et le plafond sont entièrement faits de béton et le sol d'un carrelage gris-noir à cause de la poussière accumulée. L'odeur n'est également pas agréable, comme si quelque chose était en voie de décomposition.

La pièce est pratiquement vide : seul un comptoir et trois étagères sont présents. Je me dirige vers une porte à ma droite et l'ouvre, un peu stressée car on ne sait jamais ce qu'elle peut cacher.

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