Deux semaines passent pendant lesquelles je m'intègre totalement et arrive à faire la connaissance de tout le monde. Le départ de Jeanne a été dur à accepter pour certain mais nous nous en sommes remis. Même Ana a finalement compris que c'est une bonne chose.Cependant, tout le Centre évite soigneusement le sujet.
Je me suis vite rendue compte qu'il y a quelque chose entre Nathan et Appoline, sauf qu'aucun d'eux ne semble décidé à faire le premier pas. Je les trouve mignons à rire, jouer ensemble, mais franchement ridicules lorsqu'ils sont gênés et n'osent même plus se regarder dans les yeux. En ce qui concerne Tristan, nous nous sommes énormément rapprochés. Il est vraiment génial. J'ai souvent l'impression que nous voulons tous les deux être plus que de simples amis.
Mais j'ai peur.
Et si nous arrivions au même stade que Nathan et Apolline ? Et si je gâchais tout ? Et si il s'avérait que Tristan n'est pas celui qu'il prétend être ? Je me pose peut-être trop de questions mais, et si j'avais raison ? Beaucoup trop de « si »tournent dans ma tête en ce moment. De toute façon, je ne suis pas prête pour une relation de ce genre.
Morgan lui, a été une véritable révélation. Sous ses airs timides et renfermés se trouve un garçon très intelligent et vraiment amusant, toujours là pour remonter le morale de tout le monde.
Oui,ces deux semaines ont été révélatrices. Je me sens enfin bien dans ma peau et le plus important encore, en sécurité. Mes bleus ne sont plus que de l'histoire ancienne et mon visage a repris des couleurs. J'ai pris un peu de poids depuis mon arrivée, ce qui est rassurant. Je recommence enfin à ressembler à quelque chose.
Au niveau du travail, j'ai finalement décidé de suivre mon premier choix et de travailler avec Ana. J'ai commencé il y a cinq jours. Il n'y a pas eu de blessés graves ce qui me rassure quelque peu.Contrairement à ce que je pensais, la vue du sang m'est supportable malgré que parfois je doive retenir des hauts de cœur.
Des cris me sortent alors de mes pensées. Je cours à l'infirmerie :ma pause aura été de courte durée ! Je découvre Nathan,retenant de mieux qu'il peut ses larmes et serrant la main contre son torse, cachant ainsi sa blessure. Je me dirige vers lui et demande :
-Qu' est-ce que tu as ?
-Ça s'est passé tellement vite, il me répond en me tendant la main avec hésitation. Un gamin m'a donné un coup de bêche. J'ai vraiment très mal.
A l'intérieur de sa main droite est présente une entaille d'environs cinq centimètres qui débute entre le pouce et l'index et finit en bas à gauche. Je réprime une grimace de dégoût face au sang qui coule abondamment de la blessure.
Je remarque alors la présence d'Ana derrière moi :
-Pour que tu avoues que tu as mal quelque part, tu dois souffrir le martyr, elle dit d'un ton ironique.
-Ana, c'est pas le moment ! Il crie presque.
Nathan a perdu son sens de l'humour. Je pense qu'il l'aurait aidé à cet instant, mais il l'a abandonné.
Ana décide de me laisser le soigner seule, chose qu'elle ne m'a jamais laissé faire auparavant, ce qui me rend plutôt nerveuse.
Je désinfecte tout d'abord la plaie sous les gémissements de Nathan avec un désinfectant volé il y a quelques mois. Je met du temps car toutes les trente secondes, il ferme sa main. Lorsque je finis enfin,je lui fait des points de suture : six au total. Ses petits cris deviennent de plus en plus insupportables : je hais savoir qu'il a mal par ma faute.
Après une demi heure de travail, le résultat est plutôt satisfaisant et Nathan semble s'être remis de ses émotions malgré la douleur qui persiste. Ana vient vérifier mon travail et me félicite en disant qu'elle n'aurait pu faire mieux et me gratifiant de l'un de ses sourires jusqu'aux oreilles. J'avoue que je suis plutôt fière de moi étant donné qu'il y a 5 jours je ne savais toujours pas désinfecter un plaie correctement. Ana est une très bonne professeur.

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Le Centre
Fiksi RemajaJe m'appelle Alison et j'ai seize ans. Ma vie a basculé il y a deux ans dans un accident de voiture. Après cela, la violence faisait partie de mon quotidien. Aujourd'hui, grâce à la découverte d'un lieu unique, je peux enfin m'autoriser à vivre. J'a...