Chapitre 17

433 21 0
                                    


Je reste allongée dans mon lit à contempler le plafond à la lumière du soleil levant. J'ai passé la majeur partie de la nuit à réfléchir à une solution, la voix d'Ana tournant en boucle dans ma tête. J'ai seulement dormis deux heures pendant lesquelles mes cauchemars sont réapparus. Cette fois, ma terreur n'avait rien à voir avec l'attitude de mon père.

J'étais à l'infirmerie du Centre.

Ana et moi nous occupions d'enfants tombés malades à cause du virus. Je ne pouvais pas les compter tellement ils étaient nombreux. La moitié était allongé à même le sol, faute de place. Des cloques s'étaient formées sur leurs mains. Leurs yeux avaient gonflés et perdus leur fonction. Les cas les plus graves crachaient du sang et dégoulinaient de sueur. Tout ce qui arrivait à mes oreilles était leur respiration saccadée et leurs gémissements. J'assistais impuissante à cette scène tout en épongeant le front plein de sueur d'Appoline qui ne pouvait pas s'arrêter de pleurer devant le corps inerte de Nathan. Je ne pouvais rien faire face à ce virus.Mes larmes me brouillaient la vue. Ana, elle, courait partout,essayant de s'occuper de tout le monde à la fois. Tristan a alors fait irruption dans la pièce. A première vu tout semblait normal,mais au fur et à mesure qu'il s'approchait de moi, son état empirait : des cloques apparaissaient sur ses joues, ses yeux gonflaient... J'essayais de lui crier de faire demi tour mais aucun son ne sortait de ma bouche. Arrivé à ma hauteur, alors qu'il allait me prendre la main, il s'est effondré au sol.

Je hurlais dans mon cauchemar, et je criais en me réveillant, seule. La présence d'Ana m'aurait aidé mais malheureusement, son lit était déjà vide.

Je ne suis pas arrivée à penser à autre chose pendant les heures qui ont suivis. Si ce virus est aussi grave, tout le monde en mourra.

La voix d'Ana me parvient encore, aussi nette que du cristal :« Alison, il faut trouver une solution, et vite ».

Je n'y parviens pas.

J'ai beau y penser à longueur de temps, je ne vois aucun échappatoire.Personne ne peut entrer dans une école, il se ferait directement repérer, et voler n'est même pas envisageable car trop dangereux.


Il est maintenant neuf heures du matin et je ne veux pas me lever.Non, je ne veux pas affronter toutes les questions que l'on va me poser, les regards inquiets ou même voir qui que ce soit... Mis à part Tristan. Je me demande s'il va mieux depuis hier soir,mentalement et physiquement. Je repense à ce qui s'est passé entre nous, au magnifique sentiment qui m'a envahit lorsque ses lèvres ont touchés les miennes. A ce souvenir, un frisson me traverse. C'était la première fois que j'étais aussi proche d'un garçon. Je souri à cette pensée : à seize ans je n'avais encore jamais embrassé quelqu'un! Le souvenir de ses lèvres me donne une sensation de papillons dans le ventre, je me sens de suite un peu mieux.

Malheureusement ce souvenir ne fait pas le poids face à la bombe qui nous est tombée dessus juste avant. Il faut que je sorte d'ici pour changer d'air et faire le point sur tout ce qu'il s'est passé sans être dérangée.



Je finis par me lever et m'habiller en vitesse : un jean noir et un débardeur bleu, simple, comme d'habitude. lorsque je sors de la chambre je suis soulagée de ne voir personne dans le couloir. Mais pour que je sorte du bâtiment, il faut obligatoirement que je passe par la pièce principale, qui sera sûrement bondée. Je prend mon courage à deux mains et la traverse à toute vitesse, la tête baissée en espérant ne pas attirer l'attention.

-Alison !

Oh non, je ne sais pas de qui provient cette voix mais qui que ce soit,je n'ai vraiment pas envie de lui parler. Je décide de ne pas répondre en feignant n'avoir rien entendu et sors sans me retourner.Arrivée dehors je soupire de soulagement : je n'ai eu à affronter personne.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant