Chapitre 25

341 23 0
                                    

Considérant mon manque total de sens de l'orientation, je met un long moment pour trouver la maison de Tristan. Lorsque j'arrive devant, je vérifie au moins trois fois pour être sure que c'est la bonne. J'ai peur de ce qui pourrait se passer lorsque je toquerais à la porte. J'ai peur qu'Ethan soit là malgré l'absence de voiture. J'ai peur que Tristan ne m'ait pas pardonné d'être la cause de son retour chez lui.

La maison est en bois blanc. Pratiquement toute la façade est blanche, la peinture écaillée à certains endroits laisse paraître une couleur grise. Une terrasse protège la porte. Je pose un pied dessus, le son du bois qui grince entre en moi sous forme de frisson désagréable. Je pose un pied devant l'autre à contre cœur. Je ne veux pas revoir cet homme. Il fait naître en moi des sentiments affreux. La violence. La haine. Et encore de la violence.

Tout ce que je déteste.

Je trouve le courage je ne sais où de sonner à la porte. J'attends une minute, puis deux. Je m'impatiente et, n'entendant aucun bruits signalant la présence de qui que ce soit, je jette un coup d'œil par une fenêtre. Je vois alors le salon, tout ce qu'il y a de plus banal : un canapé de cuir blanc, une télévision, une table et une petit bibliothèque.

Ce qui est présent autour est plus alarmant : un vase brisé par terre en mille morceaux, des chaises renversées, des livres tombés au sol et une tache de sang sur le parquet à droite du canapé. Je fixe cette tache un long moment. Détourner le regard m'est tout simplement impossible. Cette tache d'environ dix centimètres m'hypnotise presque. Je ne veux pas qu'elle appartienne à Tristan.

Non.

Pitié.

Je me précipite vers la porte d'entrée, prends mes deux précieuses épingles, force la serrure avec facilité et rentre à l'intérieur. Je me dirige directement vers le salon comme si ce que j'avais vu depuis l'extérieur pouvait n'avoir été qu'une illusion, comme si vu de l'intérieur, ce petit paysage des horreurs n'existerait plus. Mais arrivé au canapé, la tache de sang est toujours présente. Toujours aussi noire. Je murmure d'une voix si basse que je n'arrive presque pas à entendre moi même :

- Tristan ?

Une vague de détermination me submerge à la vue constante de ce rouge presque noir sur le parquet propre. Tout ce désordre, cette tache ne peuvent signifier qu'une chose : Tristan s'est fait de nouveau battre. Et par ma faute.

Cette fois-ci je cris, bien fort pour faire en sorte que toute la maison m'entende :

- Tristan tu es là ?

Aucune réponse.

Mais un bruit indéchiffrable se fait entendre. J'essaie de me diriger en direction de ce son tout en répétant ma phrase encore plus fort. Je ré entend ce fameux bruit mais plus proche de moi. Je m'arrête par réflexe comme si mon ouï pouvait s'améliorer par le simple fait que je ne bouge plus. J'entends des pas se diriger vers moi. Ils semblent hésitants, avec un écart d'au moins une seconde entre chaque frottement de pieds contre le sol. Puis d'un coup, une accélération se fait. Le son se rapproche de plus en plus vite vers moi. Je vois un homme arriver comme un fous avec ce qui ressemble à un trophée dans les mains. Je cris, ferme les yeux et me protège la tête de mes bras par peur de l'impact imminent de l'objet sur mon crâne. Il cri à son tour. Et d'un coup, aucun son mis à part nos souffles mêlés l'un à l'autre ne se fait entendre. Le trophée ne m'atteint pas.

Je vais.. Bien ?

- Alison ?

Au son de cette voix que je connais si bien, j'ouvre lentement les yeux, le cœur battant de plus en plus vite.

Le CentreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant