Parsec 16 = L'Orin

168 31 28
                                    

« Je savais que tu comprendrais. »

          Yann ouvrit ses yeux sur un paysage familier. Il était au Mexique, sur la plage et face à lui...

– Madame Red, murmura-t-il, fauché de surprise.

          Elle eut un léger sourire amusé, comme lorsqu'il l'avait vu, à ce moment-là. Elle portait un joli tailleur noir, avec un beau foulard rouge, offrant une vision nostalgique sur ce magnifique soleil couchant. Il n'arrivait plus à parler, mais il souriait, niais. Cette femme le regardait en silence, sereine.

– Je suis rentré sur Terre...? Non...
– Non, vous avez bien sauté et pénétré dans l'Orin, provoquant un véritable cataclysme sur l'Axial...

          Il fronça les sourcils.

– Vous êtes l'Orin alors ?

          La femme eut un petit rire amusé, avant de se rapprocher de Yann, lui entourant le bras du sien. Elle l'invita sans un mot à marcher avec elle le long des flots. La chaleur du soleil couchant, l'odeur des embruns, tout y était... sauf le bruit des mouettes, ainsi que celui des habitants. Il ne voyait personne d'autre qu'eux, d'ailleurs. Ce n'était pas vraiment le Mexique...

– Non, Monsieur Becquerel, je ne suis pas l'Orin. Je suis intervenue avant votre rencontre, pour vous proposer de faire demi-tour, si vous le souhaitez encore.

          Cette fois, ce fut lui qui fronça les sourcils et s'arrêta brutalement, dardant vers elle ses yeux bleus.

– Je suis venu et c'est MA décision. Pourquoi voudrais-je repartir en arrière ? Expliquez-vous.

          Madame Red eut un léger soupir entendu, avant de regarder un instant le ciel sans nuage et le désigner à son interlocuteur du doigt.

– Votre esprit est comme ce ciel, Monsieur Becquerel... mais si vous acceptez votre destin, ce magnifique ciel serein se transformera en véritable tempête. Peut-être ne pourrez-vous plus jamais retourner sur Terre. Revoir votre famille... Vous risquez votre vie en ce moment.

          Yann tourna son regard vers le ciel une seconde, avant de lever brièvement les épaules, impuissant. Il n'eut qu'un léger sourire vers la femme au foulard rouge.

– Vous vous appelez réellement « Madame Red » ?
– Vous êtes réellement « Monsieur Becqurel » ? répliqua-t-elle du tac-o-tac, mutine.

           Tous deux eurent un sourire conjoint plein d'une compréhension mutuelle. Ce fut lui qui finit par reprendre, de sa voix la plus sérieuse et déterminée possible.

– L'Axial gère tous les univers, non ? Dans ce cas, sans l'Axial, la Terre disparaît. Jusque-là, j'ai bon ?
– En effet.
– Dans ce cas, pouvez-vous m'expliquer comment je serais heureux de tuer ma famille ?

          Madame Red répondit d'un léger hochement de tête, comme pour signifier qu'elle avait compris le message. Légèrement, tout en douceur, elle se détacha de lui avant de faire quelques pas, tranquillement, tournant les talons, tout simplement.

– Dans ce cas, je m'en vais, Monsieur Becquerel.
– Attendez. Juste une dernière question.

          Elle s'arrêta, se retourna doucement, un sourcil relevé, interrogative.

– Pourquoi me proposez-vous de renoncer, alors que vous et moi savons que vous connaissez ce qu'il va advenir ? Je serais même prêt à parier que vous connaissiez ma réponse, aussi.

          Cette fois, ce fut un vrai sourire qui éclaira le visage de cette femme, ce qui sembla même la rajeunir de plusieurs années.

– Pour que vous en preniez conscience, bien sûr !

Le Passeur de Mondes [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant