Une lumière éblouissante scintillait loin devant lui. Contemplait-il le soleil en face ? L'ombre inquiétante d'un visage maigre, suivi d'une violente claque sur ses joues le firent bondir en position assise, pour mieux contempler sa désastreuse situation.
Pas d'hôpital, ni de médecin. Encore moins les visages familiers de sa femme ou de sa fille. Juste celui de Mélana qui l'avait sauvé de la noyade, derrière le nouveau visage de celui qu'ils étaient venus rencontrer, pour une raison qui lui échappait encore.
Groggy, il se surprit à fixer la femme avec insistance. Grâce à l'éclairage éhonté de la pièce, il pouvait enfin la détailler. Son corps noir luisait à peine, comme une combinaison moulante en latex. Ses yeux éblouis remontèrent vers son visage et essayèrent de définir ce qu'il aperçut. Elle semblait moulé dans du métal et ressemblait à une statue vivante...
– La pression temporelle qu'il vient de subir semble l'avoir rendu idiot, commenta l'homme décharné aux côtés de cette étrange créature aux allures féminines.
– Il doit avoir faim, ou soif. Il était au milieu d'une nappe de liquide lorsque je l'ai trouvé. Sans doute depuis un moment, expliqua-t-elle, pensive, une main posée sur son menton parfait.Ils parlaient ainsi entre eux, sans plus s'occuper de lui. A ses yeux, il aurait reçu une forte dose de relaxant qu'il ne se sentirait pas mieux. Sa tête tournait un peu, mais c'était surtout son corps épuisé ainsi que cette impression persistante d'être déconnecté de la réalité qui le gênait le plus.
– Que... Que m'avez... M'avez-vous... Donné ? réussit-il à baragouiner d'une voix pâteuse.
Ses deux ravisseurs s'interrompirent dans leur discussion, qui paraissait bien animée, afin de lui répondre. Avec surprise, celui qui ressemblait à Frollo se pencha en même temps vers lui afin d'examiner ses pupilles, dans un geste d'habitué qui en disait long sur lui.
– Rien, Yann. Juste votre guide qui a voulu venir ici un peu trop vite. Votre corps essaie de compenser, vous irez mieux bientôt.
Tandis qu'il s'efforçait de comprendre cette réponse, alors qu'il emergeait de son état engourdi, son interlocuteur s'asseyait sur un siège métallique, pas le moins du monde gêné. Et Yann, toujours au sol, laissa son regard errer sur le reste de la salle.
Ce qui ressemblait à un bureau avait disparu. Il s'était réveillé dans ce qui semblait être un laboratoire, avec des tables d'un côté, remplies de matériel du parfait petit chimiste et des caissons opaques de l'autre. Il se pencha un peu pour vérifier le fond de la pièce... Ses bras, incapables de supporter son propre poids, flanchèrent alors, et il s'effondra sur le côté. La surprise du carrelage qui ne lui procura aucune sensation de froid l'inquiéta autant que le contenu des grosses cuves aux parois transparentes, emplies d'eau.
– Pas... ça ! souffla-t-il d'un ton de supplicié à mort.
Son esprit engourdi parvenait malgré lui à imaginer la finalité de cet endroit. Et d'une façon ou d'une autre, il savait malgré lui qu'il finirait plonger dans l'une de ces choses !
– Pourquoi ? geignit-il dans un souffle.
– Car il le faut, déclara l'homme aux traits décharnés, comme s'il énonçait un théorème évident.
– Pourquoi moi, précisa Yann, incapable de s'empêcher de pleurer.Vautré sur le côté, incapable de bouger, il fixait ces cuves d'eau tel un condamné à mort. Une partie de lui semblait déjà considérer qu'il l'était, d'ailleurs, car elle ne se rebellait déjà plus. Une moitié de son esprit acceptait toute cette histoire de fou. L'autre avait peur ; oh oui, elle tremblait, terrifiée.
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Le Passeur de Mondes [En correction]
Khoa học viễn tưởngYann Becquerel est un brillant astrophysicien, amoureux de l'espace, qui découvre le secret de l'Univers : ses origines. Alors que sa notoriété bat son plein, une perturbation venue de l'espace va venir chambouler à la fois sa vie, mais aussi reme...