Parsec 6 = Un vieil ami - partie 2 (v2)

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– Eh ! Mais qu'est-ce que...

           Yann posa ses mains dessus avant de reporter son attention sur l'Orinyès, l'air plus fermé encore, les yeux durs, derrière une sorte de terminal qui ne se trouvait pas à cet endroit l'instant précédent. Le regard paniqué, il inspecta sa base et découvrit qu'il l'avait sans doute fait sortir du sol.

– Je m'appelle Yves Brauer, gamin.
– Non mais à quoi vous jouez, espèce de taré ! éructa l'astrophysicien, qui se sentit soudain claustrophobe.

           Un milliers de questions passèrent dans l'esprit de Yann. Mais, bizarrement, seule l'eau contenue dans ces imposants cylindres derrière lui, l'inquiétait pour l'heure.

– Désolé, gamin, mais tu vas devoir surmonter ça, anticipa encore une fois l'Orinyès.
– Je vous interdis de faire ce que je crois que vous allez faire ! hurla derechef Yann, qui ne remarquait même pas les réponses de son bourreau avant ses remarques.

           Les mains d'Yves commencèrent à s'activer sur sa console. Les cris de celui qu'il considérait toujours comme son ami lui déchiraient le cœur, mais son devoir lui imposait ses gestes. Il fit en sorte de lever la plateforme de chargement à hauteur des caissons de transport.

– Pourquoi vous m'faites ça ? Laissez-moi descendre ! Je vais me noyer !
– Je te connais, je sais que tu as une peur bleue de l'eau. Et je sais d'où ça te viens... Mais tu dois le faire. Fais-moi confiance, tu ne mourra pas de ça. Il s'agit d'un composé de mon invention que j'ai appelé le Brauer. Je t'apprendrai un jour comment je l'ai créé. Il va maintenir ton corps en vie le temps d'accomplir ta mission sur l'Axial. Tu dois tous nous sauver, gamin.

           Cette fois, il n'avait pas parlé avant lui. Question de principe, puisqu'il commença à le faire descendre à mesure qu'il lui expliquait...

          De son côté, Yann sentit sa minuscule plateforme sphérique osciller à mesure qu'elle s'enfonçait dans ce "Brauer" qui ressemblait au liquide qu'il craignait comme deux gouttes d'eau, pourtant ! Et il avait beau frapper la barrière qui le maintenait dans sa cage, elle ne bronchait pas. Et même si elle l'empêchait de se faire engloutir par cette gelée transparente, il savait déjà qu'elle disparaîtrait dès qu'il toucherait le fond de la cuve...

– Je refuse ! Sortez moi de là ! A l'aide ! Pitié !

          Le bruit de succion entre la paroi quasi invisible et le Brauer lui fit l'effet d'une douche froide. Il s'interrompit pour mieux observer cette étrange mixture se coller à sa barrière. Yann comprit soudain qu'il se tenait face à bien pire que de l'eau : il s'agissait d'un mélange à l'apparence d'un gel de savon, mais aux propriétés d'un soluté nourrissant.

– Qu'est-ce que vous avez créé, balbutia-t-il d'une voix blanche.

          Seul le silence lui répondit, du moins jusqu'à l'arrêt définitif de la plateforme qui s'emboîta parfaitement avec le fond de la cuve. Le vile serpent, il avait anticipé sa venue ! Yann releva son regard dans sa direction, bien décidé à lui demander des explications, lorsqu'il se figea une fois encore : ce sale type pleurait.

– Il va falloir être fort, mon ami. Tu pourras toujours m'insulter à notre prochaine rencontre... Tu l'as déjà fait. J'ai joué à merveille mon rôle d'homme contrit, tu verras, j'ai été - serai - très convainquant !
– Non, non !

           Cette fois, Yann se remit à frapper sur la paroi autour de lui, malgré sa peur panique du liquide qui l'entourait, car son cœur se serrait, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas. Il ne désirait plus sortir uniquement à cause de sa phobie, mais aussi à cause de cet abruti !

Le Passeur de Mondes [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant