Parsec 30 = Question de point de vue

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           Miélyr se souvenait, à présent. Son passé, les circonstances de son retour près du Fragment d'Éternité, Karon. Tout. À une lointaine époque, elle en avait terriblement voulu à la moitié de son âme, qui se repentait et désirait la réincarnation, afin d'expier ses pêchés et mieux comprendre les êtres vivants du massivers. Pire, elle avait haï cette partie d'elle au point de la renier, l'oblitérer. Alors quand Yann était monté sur l'Axial, l'air abruti de celui qui ne reconnaissait rien, toute sa fureur s'était réveillée tel un raorhin emballé.

           Aujourd'hui, il leur faudrait fusionner, afin d'enfermer à nouveau Elior et sa démence. Leur devoir revenait à protéger la création de l'Orin, son intégrité et toutes les formes de vies à l'intérieur, même au prix de la leur. À l'idée de retrouver cette partie masculine d'elle, Miélyr eut le sentiment doux amer du pardon à un frère non revu depuis des années.

           Un frère qui portait dans sa main le Voyageur et le Mestre. Un frère qui possédait la Gardienne du Destin et le Gardien du Temps à ses côtés. Un frère en train de se battre contre l'ombre d'Elior... !

– Non... !

           Sa luminescente peau vert pâle perdit encore un peu de sa couleur, comme en proie à une vision cauchemardesque et ses petits pieds fins se précipitèrent à travers l'Axial jusqu'à l'Alun, cet immense faisceau qui traversait le massivers de part en part et qui permettait, entre autres détails, d'atteindre le palais des Fondateurs.

           Il se trouvait être éteint.

           L'urgence de la situation n'admettait aucun contretemps ! Miélyr étendit son bras menu vers l'avant et sa main fit glisser ses doigts le long du vide, comme à la recherche d'une porte invisible. Les paupières closes, le visage crispé sous la concentration, elle ne vit pas les lucioles du couloir aux souvenirs venir jusqu'à elle pour déambuler autour de son corps, telles des danseuses éphémères aidant la jeune femme.

           Était-ce grâce à l'action de ces petits soutiens providentiels ou uniquement par celle de ses propres capacités, mais l'immense faisceau surgi des ombres en vrombissant de colère, reprenant ses droits immuables et éternels. Quoi qu'il en soit, Miélyr ne se préoccupa pas des lucioles agglutinées autour d'elle, quand, d'un pas décidé, elle franchit le portail.

 Quoi qu'il en soit, Miélyr ne se préoccupa pas des lucioles agglutinées autour d'elle, quand, d'un pas décidé, elle franchit le portail

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           Le Temps ne connaissait pas de durée. Cette amusante notion tenait en haleine tous les nouveaux Gardiens du Temps depuis l'anabiose et jusqu'aux tréfonds de l'infini avenir. Ce dernier, d'ailleurs, n'existait pas. Pour les Maîtres du Temps, qui pouvait aller et venir sur la trame à leurs guises, le passé des uns devenait le futur des autres et la vie éphémère de certains pouvait se transformer en l'éternité des derniers.

          Sophos aurait pu se dire « vieux », mais admettait à présent la vacuité de cette définition. Les Fondateurs, par exemple, existaient depuis l'apparition de l'Axial, il devenait parfaitement inepte de leur dire qu'il vivait depuis « longtemps », sous peine de les faire rire. Il devait donc réévaluer la situation pour se présenter : son âge devenant exclu, qui était-il ?

Le Passeur de Mondes [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant