Le Passeur de Mondes [En correction]

Parsec 24 = Brèche

           La grande maison des Becquerel imposait le calme dans son silence absolu. Pas même le chat qui dormait sur le canapé en ronronnant, ne parvenait à troubler cette quiétude bienfaisante. Un instant, Yann se sentit retourner plusieurs heures en arrière, loin de l'Axial et de sa clique de personnes amnésiques à gérer. Depuis combien de temps se trouvait-il loin de chez lui ? Jusqu'à quand le resterait-il ? Il venait de retrouver Lola qui avait été poursuivie par cette ombre, sans avancer le moins du monde avec ce problème.

– Papa, laisse-moi te seconder ! Allez ! Tu ne peux pas me confiner ici à devoir attendre comme une mauvaise fille ! Tu peux pas me faire ça !

           Sa chère et tendre enfant ne l'aidait pas à réfléchir. Le regard de l'homme contempla le visage contrarié de l'adolescente avec paternalisme et douceur. Son bébé adoré devenait une femme et il donnerait n'importe quoi pour la tenir éloignée du danger. Il considéra sa colère comme légitime, mais ne parvenait pas à l'imaginer au centre de tous les périls.

          Pourquoi avait-elle été attaquée par cette ombre ?

           Cette question frappa Yann de plein fouet à présent que sa terreur disparaissait. Lola se trouvait en sécurité chez eux, il pouvait décortiquer et analyser les événements qui venaient d'avoir lieu. Son esprit scruta les nombreuses possibilités, avant que son regard ne finisse par se fixer sur le livre scellé qu'elle tenait toujours entre ses bras. Sa fille ne le voyait plus si elle ne touchait pas ce manuscrit et elle avait été attaquée dès qu'elle l'avait dérobé dans son bureau...

           Ce qui voulait dire...

– D'accord. Passe-moi ce livre, Lola.

          Il ne l'écoutait plus depuis une minute, le temps de ses réflexions. Étonnée, sa fille lui tendit l'objet, persuadé qu'il maîtrisait déjà un plan et acceptait son aide. Son père ne lui mentait jamais.

– Je t'aime, chérie.

          La main de Yann se referma sur le manuscrit qu'il récupéra vivement, sans laisser à Lola le loisir de réagir. Elle ne comprit que trop tard le subterfuge de son père pour la forcer à rester ici. Elle eut juste le temps de voir, dans un coin de son champ de vision, l'ombre revenir...

           Puis tout disparu.

– PAPA ! hurla-t-elle de toutes ses forces.

           Mais Lola ne percevait plus rien. Elle était seule, à nouveau.

           Tout était lié. Pour une raison inconnue, cette ombre se retrouvait attirée par ce livre. Aussitôt se trouvait-il entre ses mains, qu'il avait pris le chemin inverse, retournant dans le cube transparent que le sauveur de Lola lui avait montré. Dedans, par un procédé merveilleux, car mystérieux, il se sentait en parfaite sécurité. Au calme. Peut-être arriverait-il même à y réfléchir.