Parsec 31 = Nos Légendes

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Ils se faisaient face, tels deux serpents venimeux aux regards fixes, à l'immobilité parfaite. L'ombre Elior, anciennement Passeur qui avait tué puis fusionné avec Karon par simple vengeance, actuellement dans le corps du Passeur Elig qu'il avait corrompu. Et devant lui Miélyr, l'une des deux parties de l'âme de Karon, belle femme à l'anatomie vert pâle, la peau diaphane, ses longs cheveux bleutés d'un sombre turquoise auréolant tout son être, parcouru d'énergie à cet instant et répandant l'odeur subtile d'herbe humide, très étrange en ces lieux vides et désolés.

         Ils se faisaient face, leurs regards lourds remplis de haine d'un côté, de chagrin et de détermination de l'autre. Entre eux, une âme délicate et fragile, qui ne tenait plus qu'à un fil ténu de vie : Yann. Être humain lancé dans l'aventure avec innocence et curiosité, s'était découvert un passé aussi incroyable que magnifique. Seconde partie du ko de Karon, il avait décidé de se réincarner afin d'expier son crime, celui d'avoir offert une chance à un peuple voué à mourir, dont le fanatique Elior était issu. Touché par le Mal qui empoisonnait cet être décharné par l'essence incomplète reçue de ses mains, il désirait mieux connaître les vies dont il avait la lourde charge de protéger l'existence.

           Enfin Mélana, en larmes, essayait de forcer Elior à lâcher Yann en usant de toutes les forces en sa possession : coups de poings, cris, supplications et morsures. Admirable femme Passeur entièrement constituée de métal doré, ses origines méconnues la faisaient venir d'une petite planète très dense où la vie prenait une forme métallique proche de l'Homme, mais au fonctionnement bien différent. Lors d'un passage impromptu sur Terre, elle avait trouvé Yann un peu déboussolé à cause du coma d'un ami et avait cru qu'il pleurait Karon, disparu.

          Cette scène étrange se gravait lentement dans l'esprit de l'homme qui suffoquait. Il entendait presque les violons vibrer au rythme de ses pulsations qui diminuaient doucement. Bientôt, il cesserait de vivre. Il se savait vouer à mourir, s'il désirait sauver le massivers. Serait-il prêt à ce moment-là ? Était-ce la meilleure solution ? Ses pensées s'envolèrent vers sa femme Juliette, toujours si élégante et sa fille Lola, rebelle, passionnée, magnifique dans sa jeunesse aventureuse.

           Yann ferma tranquillement ses yeux pleins de larmes. Et expira.


           Sur Terre, en un lieu connu que des personnes autorisées, existait une sorte de laboratoire étrange, mélange de centre de tests et de sanctuaire

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           Sur Terre, en un lieu connu que des personnes autorisées, existait une sorte de laboratoire étrange, mélange de centre de tests et de sanctuaire. Un homme, grand et décharné que Yann avait comparé à Frollo d'une pensée ironique, contemplait une cuve assez imposante pour contenir un corps. À l'intérieur, flottant dans le liquide qu'il avait lui-même inventé, se trouvait l'enveloppe physique de Yann.

          Le regard sérieux, Yves Brauer pianota sur la console à côté, provoquant immédiatement un gèle de toute la cuve et de son contenu. Une fois fait, il appuya sur un second bouton, déclenchant une ouverture du plancher métallique. Là, un mécanisme automatisé vint s'accrocher aux rebords prévus à cet effet pour tirer l'objet glacé vers les sous-sols du laboratoire. Dès que l'ensemble eut disparu, la plateforme se referma sans émettre plus de bruit qu'un léger frôlement.

Le Passeur de Mondes [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant