Le réveil fut douloureux. Tout d'abord, je ne sentis qu'une grosse douleur à l'arrière de la tête. Puis, peu à peu j'avais retrouvé ma sensibilité et mes oreilles bourdonnaient, comme les quelques brûlures qui me grattaient désagréablement. Mes yeux papillonnèrent et prirent leur temps pour s'ouvrir. Lorsque ce fut fait, je vis que j'étais allongé sur un canapé et une couverture me recouvrait. Le soleil était pleinement levé et il me sembla même qu'il ne devait pas être loin de midi. Je reconnus vaguement le salon d'Arthur mais il était vide. Je voulus me redresser mais ma tête ne me le permit pas. Elle me tourna et me força à rester allongé. J'avais la sensation qu'elle était en sang et par réflexe, je passai la main dans mes cheveux. Je ne sentis aucun liquide, juste un tout petit peu de sang séché, mais surtout une grosse bosse qui, lorsque mes doigts passèrent dessus, me fit gémir de douleur. J'ignorais comment mais je ne m'étais pas loupé. La seule chose dont je me souvenais était le feu dans l'antre de la cheminée et les souvenirs qui m'avaient assailli jusqu'à ce que j'en perde ma conscience. Je me rappelai aussi d'avoir fait tomber la tasse de café et voulus une nouvelle fois me redresser pour voir ce qu'étaient devenus les dégâts que j'avais causé mais à peine pus-je me retourner qu'une voix féminine retentit.
— Mais qu'est-ce que tu fais ?
— Gaétane... Qu'est-ce que...
— C'est plutôt à moi de te poser des questions. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je n'ai pas vu ce qu'il est arrivé puisque j'ai été appelé dans l'urgence juste après mais tu te serais soudainement effondré en criant. Je peux savoir ce qu'il t'est arrivé ?
— Je...
Je fermai les yeux en me massant les tempes. Décidemment, même parler me faisait mal au crâne.
— Le feu, dis-je simplement.
— Le feu, dit-elle en fronçant les sourcils ? La cheminée ? Attends, ça a un rapport avec l'accident d'il y a trois jours ?
— Trois jours ? m'étonnai-je. Pas deux ?
— Trois, me confirma-t-elle. Tu es resté un jour entier dans les vapes, mon grand. D'ailleurs, tu nous excuseras de t'avoir installé sur le fauteuil mais avec le coup que tu as pris à l'arrière de la tête, le docteur n'a pas voulu que l'on te bouge de trop. Du coup, tu es forcé de rester au lit – ou plutôt au canapé – une bonne journée encore.
— Donc nous sommes jeudi, lâchai-je.
— Exact.
— Et ma grand-mère le sait ?
— Que nous sommes jeudi ?
Je lui jetai un regard de travers et Gaétane sourit.
— Bien sûr, répondit-elle. Tu n'as quand même pas cru qu'on allait lui cacher ça ? En revanche, elle n'est toujours pas passée. Elle doit le faire dans l'après-midi et-
Mon ventre l'interrompit brusquement. Si nous étions bien jeudi, cela signifiait que je n'avais rien mangé depuis mardi soir puisque j'étais tombé dans les pommes sans avoir le temps d'avaler quelque chose hier. La grande brune comprit exactement que ce bruit était un appel au secours de la part de mon estomac et se précipita dans la cuisine pour me ramener, cinq minutes plus tard, un gros plat de riz à la tomate accompagné de poisson pané. C'était un repas léger mais je pensais qu'il valait mieux que ce soit ainsi. Je me jetai sur mon assiette que je finis en moins de deux minutes et Gaétane m'apporta ensuite un chou à la crème, pour le sucre avait-elle dit, et une pomme. Pendant que je mangeais, elle me raconta d'où me venait cette fameuse douleur à l'arrière de la tête. Arthur avait apparemment été alerté par un cri que j'avais poussé et m'avait retrouvé en boule, me penchant dangereusement vers la cheminée. Il m'avait brusquement tiré en arrière mais, ayant fait cela avec trop de précipitation, il n'avait pas pu me retenir de tomber complètement. Ainsi, je m'étais violemment cogné la tête contre le carrelage. A part une grosse bosse et un peu de sang à cause des éclats de verre de la tasse qui gisaient sur le sol, je m'en sortais plutôt bien. Du moins, physiquement.
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Loup des bois et des rêves (M/M)
RomanceEthan Colas, un garçon brisé suite à la perte de ses parents et de son petit-frère et dans lequel la colère a choisi d'habiter, se retrouve contraint de suivre ses grands-parents dans le Jura. Près de la frontière suisse, il découvre une nouvelle vi...