Chapitre 19 : Un Noël heureux ?

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Cela faisait quatre jours que je vivais seul dans la grande maison de mes grands-parents. Trop honteux, je n'avais pas osé contacter ma grand-mère, préférant qu'elle reste au chevet de mon aïeul plutôt que de se retrouver avec un zombie pour les fêtes. Le premier jour, je n'avais pas bougé de mon lit hormis pour les besoins primaires comme manger ou aller aux toilettes. L'envie d'agir m'avait déserté. Amorphe et sans volonté, je restais enveloppé dans ma couette, le regard dans le vide.

Puis, le deuxième jour, j'avais compris que je ne pouvais pas rester plus longtemps dans une maison non-chauffée avec un hiver pareil. Ainsi, j'étais finalement sorti de mon lit pour aérer un peu le bâtiment puis allumer la cheminée. J'avais alors élu domicile sur le canapé juste en face de ce feu ardent dans l'âtre qui brûlait tant que je continuais à l'alimenter. La cuisine se trouvant aussi au rez-de-chaussée, je n'étais remonté que pour aller prendre ma couette.

Le troisième jour, je n'avais pas bougé. La faim ne me tiraillait pas, je n'avais pas ressenti le besoin d'avaler quoique ce soit. Par précaution, une boîte de gâteaux était posée à côté de moi. J'avais plutôt passé ma journée à penser. L'idée que je devais aller skier avec Jules et les autres m'avait effleuré, mais personne n'étant venu me chercher, je n'avais donc pas ressenti le besoin de contacter quelqu'un. En plus, mon téléphone était à l'étage et je ne souhaitais pas faire ce chemin pour tomber nez-à-nez avec mon sac défait, la réalité risquant de me frapper à nouveau.

Ce matin, alors que j'étais en train de me dire qu'il fallait que j'aille chercher du bois pour la cheminée dehors car il n'en restait plus beaucoup, la porte d'entrée claqua. Des bruits de pas me firent réaliser que quelqu'un s'approchait. Au fond de moi, une pointe d'espoir luisit. Je relevai les yeux vers la personne qui arrivait et tomba sur ma grand-mère qui débarquait, furieuse comme jamais. Immédiatement, je fermai les yeux pour lui faire croire que je dormais. C'était assez ironique de faire croire que l'on dormait lorsque l'on n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Quoiqu'il en fût, mon aïeule crut au subterfuge et je l'entendis s'approcher doucement de moi. Sa peau entra en contact avec ma joue, irritée à force de larmes, qu'elle caressa tendrement. Ses doigts rugueux glissèrent ensuite sur mes yeux gonflés et douloureux. Avec amour, elle remonta ma couette sur mes épaules avant de s'éloigner pour remettre un peu de bois pour raviver le feu.

J'attendis qu'elle s'éloigne pour souffler un bon coup. Je ne savais pas comment elle avait été mise au courant mais j'étais certain que j'allais avoir le droit à une sérieuse réprimande à mon « réveil ». Rien qu'à cette pensée, je frissonnai de peur. Pourtant, il allait bien falloir que je l'affronte un jour. Ma grand-mère sembla s'activer dans la cuisine et, à la bonne odeur, je compris qu'elle préparait à manger. Le temps qu'elle cuisine, je restai à trainasser encore deux longues heures, jusqu'à ce que Mamily ne revienne me voir. Elle vint s'asseoir au bord du canapé qui me servait de lit et me caressa la tête en m'appelant doucement.

— Ethan, réveille-toi. C'est le jour de Noël et il est déjà onze heures.

— Je suis déjà réveillé, je n'ai pas dormi, répliquai-je sèchement.

— Eh bien, tu feras une sieste après manger si tu es vraiment fatigué, renchérit-elle, pas surprise le moins du monde. En attendant, j'ai préparé le repas et, même si nous ne sommes que deux, j'espère bien que nous le fêterons ensemble. Cet après-midi, nous passerons à Saint-Claude pour voir Papily, il va se sentir seul si nous n'y allons pas.

Vu le ton doux et mielleux de sa voix, je compris qu'elle allait s'empêcher de m'engueuler. En fait, je la soupçonnais d'être déjà au courant de l'histoire. Super...

— Tu ne veux pas simplement me laisser là et aller passer Noël avec lui, proposai-je ? Je suis sûr que ça lui fera plaisir.

— Et te laisser seul comme les quatre derniers jours ? rétorqua-t-elle durement, la voix empreinte de reproche. C'est hors de question. Tu vas venir avec moi cet après-midi, ils organisent une petite réception à l'hôpital.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant