Chapitre 52 : Un pas en avant

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Dans cette cabane, perdue au cœur de la forêt, les tensions s'évaporèrent rapidement. Dès l'arrivée de l'alpha, l'attention fut captée et tous se mirent au travail. Léandre annonça d'abord que le reste de la meute - du moins, ceux qui pouvaient participer à l'Acceptation - devait arriver dans l'après-midi, ce qui leur laissait le temps de préparer le rituel. Mamily, dont l'enthousiasme semblait lui donner une nouvelle jeunesse, m'expliqua rapidement la composition de la journée. Cette matinée avait, certes, été destinée à me faire rencontrer une partie de la meute mais aussi à confiner les jeunes dans la cabane, les empêchant de sortir pour s'aventurer dans la forêt. Cela relevait d'une vieille tradition qui visait à marquer le passage du jeune loup indépendant, peu sûr de son don, au membre de la meute qui embrassait complètement son destin. Il y avait également une autre raison, bien que Mamily tentât de me la masquer. Léandre intervint pour m'expliquer.

Il avait dû quitter rapidement son domicile tôt dans la matinée en raison des Leuks qui rôdaient autour des limites du territoire, vers Oyonnax. Ces derniers avaient transmis une missive adressée Léandre et la meute de Mouthe. L'inquiétude l'avait saisi mais, dès qu'il avait vu la missive remontée jusqu'à lui, l'alpha avait en quelque sorte été soulagé. Parmi les traditions communes aux différentes meutes, il y en avait eu une qui interdisait les escarmouches entre meutes lorsque l'une d'elle organisait son Acceptation. Il s'agissait d'un rituel commun à tous qui signifiait qu'une meute perdurait. La plus grande peur de l'alpha avait été que les Leuks brisent cet accord mais, selon la missive reçue, la paix était confirmée pour ce jour. J'étais un peu sceptique face à l'assurance de Léandre puis compris vite que les traditions avaient un poids bien plus importants dans leur société que dans celle des hommes. Aujourd'hui, les traditions étaient remaniées, adaptées en fonction des temps et des besoins. En revanche, chez les loups garous, elles régissaient les relations depuis des temps reculés. L'Acceptation était le rituel le plus important au sein d'une meute, cela assurait son avenir par l'engagement sacré des plus jeunes.

- Attaquer une meute alors qu'elle se régénère, c'est d'une pure lâcheté qui aurait tôt fait de leur ôter leurs alliés, expliqua Léandre. En plus, ils sont conscients que nous connaissons leur tanière, l'endroit d'où ils viennent, et que nous pouvons agir de la même manière. En temps normal, personne n'oserait mais, par vengeance ou désespoir, nous sommes tous capables d'une telle chose. Malgré tout, cela reste nos traditions et il en va de notre honneur de les respecter autant que nous le pouvons.

- L'honneur est quelque chose de très fort, chez vous, remarquai-je. Tout comme les traditions.

- Effectivement, sourit l'alpha. Elles sont ce qui nous représente. Elles sont nos ancêtres, nos lois, notre avenir. Dans un autre contexte, j'aurais dit qu'elles sont notre sécurité mais cela n'est plus vrai à présent. Quoiqu'il en soit, elles sont importantes, c'est ce qu'il faut retenir.

- Quel rabat-joie ! soupira Quentin, le cousin de l'alpha, qui m'attrapa le bras. Pour l'amour de Dieu, soyons un peu plus gais et amusons-nous ! Sans vouloir d'offenser, Ethan.

Je ris tout en me laissant entraîner vers la kitchenette. Quentin me fourra des pommes de terre dans la main ainsi que du papier-aluminium. Il m'expliqua qu'il fallait mettre les pommes de terre dedans pour le repas de ce soir qui se déroulera en plein air, dans un lieu que sécurisait la meute au préalable. Ma grand-mère, elle, mit un large plat de moussaka dans le four pour ce midi avant de partir discuter avec Léandre, Pierre et Marla, laissant à Quentin le soin de poursuivre ce qu'elle avait commencé.

- Alors, comme te le disait ta grand-mère, cette matinée était destinée à maintenir les jeunes hors de la forêt. Nous allons donc continuer à les maintenir ici jusqu'en début de soirée. En fait, cela a pour but de les faire attendre, de brider leurs sens. Je ne sais pas si tu as remarqué l'odeur dans l'air. Il s'agit d'encens à l'odeur de pin. Ça les frustre, ricana le brun aux yeux bleus. En plus, il fait super beau dehors et ils sont dans une cabane où il n'y a qu'à passer le seuil de la porte pour aller en forêt mais personne ne les laissera passer. Ils sont nerveux, déstabilisés, énervés même. La meute se regroupe petit à petit et leur rappelle l'Initiation qui s'est déroulée un an plus tôt.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant